Haken – Virus

Virus
Haken
Inside Out Music
2020
Rudzik

Haken – Virus

Haken – Virus

L’épidémie du Covid 19 semble s’essouffler et les sorties de confinement fleurissent çà et là. C’est le moment qu’a choisi Haken pour ranimer la flamme de l’inquiétude qui a déferlé sur le monde entier en sortant Virus. Le nom de l’album était déjà envisagé avant même que l’épidémie ne flambe. D’ailleurs, dans son univers, Haken le définit beaucoup plus généralement car biologique, psychologique, technologique, environnemental ou politique. En gros tous les maux de notre société libérale actuelle. Donc, de là à parler de titre prémonitoire, il n’y a qu’un pas que je ne franchirais pas car c’est la mode de ressortir tout ce qui a été créé sous l’oriflamme de la pandémie en s’émerveillant devant le côté visionnaire de créateurs passés. Oui Iron Maiden avait déjà sorti un morceau nommé « Virus » en 1996 et on ne compte plus les films qui traitent de ce sujet. Sans compter les jeux vidéos avec en chef de file Plague Inc, interdit récemment en Chine (par respect pour les victimes du covid 19) sur lequel je m’étais usé les yeux à essayer de détruire la race humaine (le joueur joue le rôle du virus). Cependant, je pense que j’aurais beaucoup de mal à y rejouer au vu des évènements actuels.
Il faut savoir qu’en fait Virus, tout comme l’excellent Vector précédemment, constitue la réponse à la question que se pose le groupe depuis la sortie de The Mountain : qui est le « Cockroach King » (littéralement : le roi des cafards)? Creuser ce concept a incité Haken à broder autour des thèmes musicaux de ce titre emblématique pour en explorer à l’infini les harmonies, les rythmes et son lyrisme. Wow ! Personne n’aurait imaginé à l’époque que ce morceau, certes rapidement devenu emblématique du groupe, notamment sur scène, aurait été à la source de deux albums aussi aventureux par la suite.

Haken – Virus band1
Et oui, à l’instar de son prédécesseur, Virus continue à repousser les limites exploratoires du paysage musical d’Haken avec toutefois moins de surprises au détour du chemin. Prenons « Prosthetic », son titre introductif, le pont scarifié entre Vector et Virus. Il est réellement très typé Dream Theater, y compris côté chant (qui a écrit que Jennings ne savait pas chanter comme Labrie ? Ah m…. c’est moi hi hi hi !). Ensuite, « Invasion » lorgne singulièrement du côté du Leprous de Pitfalls. Ouais mais quand se met à tourner le «Carousel », ça n’est plus du tout la même chanson. C’est un florilège de changements d’ambiances tout au long d’une dizaine de minutes à couper le souffle. Jennings se fait doux comme un agneau dans les tonalités les plus basses puis se déchaine en symbiose avec les riffs telluriques de Charlie Griffiths et Rich Henshall pour des passages supersoniques dont certains m’ont rappelé ce que faisait Andromeda sur Extension Of The Wish, son magnifique premier album. Le ton est donné, « Invasion » repart vers les rivages classique du metal prog alors que « Canary Yellow » en prend le contre-pied en mettant en pleine lumière le côté émotionnel d’Haken.
Mais place à la grande fresque de ce Virus constituée par la suite en cinq parties et 17 minutes de « Messiah Complex ». « Ivory Tower » démontre une dualité bien connue chez Haken entre le chant parfois volontairement très plat et lancinant de Jennings (ça n’est pas mon rédac chef qui me contredira sur ce sujet) et la furie musicale de ses compères. Furie qui monte encore d’un cran sur « A Glutton For Punishment » sévèrement burné. La martialité de « Marigold » laisse place à une démonstration de la complicité rythmique qui existe entre les guitaristes et leur claviériste Diego Tejeida, celle-ci explosant littéralement sur un court mais très barré « The Sect ». Allez finie la récréation pour un retour en terrain connu sur « Ectobius Rex » aux accents rappelant… « Cockroach King », tiens on l’avait presqu’oublié celui-là ! La rage de cette suite prophétique aux réminiscences assumées à Gentle Giant, en particulier pour les harmonies vocales en contre-point, trouve son épilogue dans un court « Only Stars » très éthéré.

Haken – Virus band2
Haken estime le lien entre Vector et Virus tellement puissant que le groupe envisage de jouer les deux albums de façon enchaînée lors d’un concert très spécial qui reste encore à imaginer et à programmer. De toute façon, à l’heure actuelle, bien malin est celui qui peut encore programmer un quelconque show mais il faut serrer les dents en attendant des jours meilleurs.
Quoiqu’il en soit, Haken n’en finit pas de… ne pas décevoir à tel point que ça doit en être rageant pour ceux qui sont loin derrière, en panne d’inspiration chronique. Virus poursuit la contamination d’une fan-base toujours plus infectée mais de fait immunisée contre la mièvrerie musicale.

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