Greta Van Fleet – Anthem Of The Peaceful Army

Anthem Of The Peaceful Army
Greta Van Fleet
Republic Records
2018
Franck Houdy

Greta Van Fleet – Anthem Of The Peaceful Army

Greta Van Fleet Anthem Of The Peaceful Army

Après avoir fait paraître deux EP prometteurs en 2017, les Greta Van Fleet avaient deux options : accepter la contrition et se courber sous les fourches caudines de leurs détracteurs ou, au contraire, bomber le torse et simplement affirmer être le fruit de ce qui dérange ces derniers. Curieux exercice que d’entamer cette chronique relative à leur premier album Anthem Of The Peaceful Army, par une quasi-nécessité de dénouer ce dilemme qui les pollue déjà au détriment d’une écoute sans comparaison de leur expression musicale. Car ils ne se réduisent pas à être ce que l’on voudrait faire d’eux, à savoir, une pâle copie de Led Zeppelin.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit, Greta Van Fleet serait ce fameux groupe qui sonne beaucoup trop comme Led Zeppelin. Et que même qu’il paraîtrait qu’ils seraient fans du mythique groupe en question mais qu’ils ne le feraient pas exprès de s’inspirer de leurs idoles ! Et que ça ne devrait pas être permis d’avoir de telles influences ou alors il ne faudrait pas trop que ça s’entende, vous comprenez ! Enfin, à défaut, vous voyez l’idée ? Alors il me semblait important de vous donner un léger éclairage sur mon état d’esprit au moment d’écrire ces quelques lignes sur ce superbe album rock qu’est Anthem Of The Peaceful Army. Au sujet de différents artistes, je lis bien souvent des commentaires regrettant « pas assez de ceci » ou reprochant « bien trop de cela » et le fait est que si l’on peut reprocher aux Greta Van Fleet de « trop sonner comme Led Zeppelin sans pour autant leur arriver à la cheville », pour ma part c’est aussi pour cela que je les apprécie à ce point. Tout d’abord, ils n’ont pas peur de cette comparaison et là je dis tant mieux, tant il y a pire comme appréciation. À croire qu’ils ont de quoi agacer ces p’tits jeunes !  Et bien oui, moi je savoure leurs très bonnes compositions emportées par leurs mélodies percutantes que la voix Olympienne de Josh Kiszka finit de rendre magiques.

Greta Van Fleet Anthem Of The Peaceful Army Band 1

L’album se lance sur « Age Of Man », un très beau titre qui d’office place le timbre cristallin de Josh Kiszka au Panthéon des très belles voix rock. A la fois androgyne et impeccablement contrôlée, la couleur vocale du chanteur de vingt trois ans vous colle le frisson en un rien de temps. A l’écoute des premiers titres, on se surprend à rêver, s’imaginant tenir entre les mains une rareté que l’on croyait définitivement perdue et dont par le plus grand hasard, l’arrière-petit-fils d’un vieux papy rocker aurait retrouvé les bandes originales au fond d’un vieux carton stocké dans un grenier poussiéreux. Avec « The Cold Wind », on reprend le chemin d’un blues-rock marqué au fer rouge. Puis « When The Curtain Fall » déboule avec son rythme festif qui évoque même l’approche très fun des Aerosmith (manquerait plus que je leur reproche de trop leur ressembler !). Avec des morceaux plus ambiancés comme « Brave New World », on plane dans des contrées plus sombres et sauvages, nous tirant vers un blues plus dark. « Lover, Leaver » nous ramène à la puissance et au source Zeppelinesque que d’aucuns exècrent. « You’re The One », « The New Day » et « Anthem » apportent les touches folk-rock qui vont également très bien au groupe. Si, à la guitare, Jake Kiszka « riff » allègrement, on constate qu’il reste avare en solos endiablés, ce qui est un peu regrettable à mon goût, l’absence est si flagrante qu’on se surprend à se dire que cela ne doit pas être son point fort. Et pourtant les quelques passages qu’il dissémine tout au long de l’album sont assez joliment amenés et posés.

Greta Van Fleet Anthem Of The Peaceful Army Band 2

Accordons nous sur le fait qu’après une écoute de l’album, il n’y a rien de neuf sous les étoiles, rien si ce n’est un pur bonheur d’auditeur, des chansons ultra-efficaces qui font mouche et qui provoquent en nous un plaisir direct ou coupable mais assurément incontrôlable. Si l’on ose céder au bonheur de ce rock vintage, Anthem Of The Peaceful Army serait comme une Madeleine de Proust fraîchement servie. Alors je m’adresse à toi qui te sens obligé d’écouter Greta Van Fleet en cachette pour ne pas être la risée des copains plus exigeants qui eux détestent. Affirme et revendique ton droit au plaisir que cela te procure pour les mêmes raisons qu’eux le boudent. Refuse cette querelle de clocher, pousse le son de « Watching Over » et dis-toi que si même Robert Plant leur donne son révérencieux assentiment, franchement il serait dommage de ne pas te laisser ébouriffer par ces jeunots. Ils ont désormais tout le loisir de grandir musicalement, de s’affranchir de leurs influences au gré de leur évolution et de laisser s’épanouir leur originalité, leur prestance scénique et leur identité. Et j’imagine, d’ici quelques années, que des teenagers monteront immanquablement à leur tour des groupes de rock en se revendiquant de Led Zep bien entendu mais pourquoi pas… de Greta Van Fleet.

Entre nous, penses-tu que Led Zeppelin n’avaient pas d’influences majeures? Ainsi va la musique ! Now flying !

http://www.gretavanfleet.com/

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