Goat + Les Big Byrd au Trabendo, Paris, le 25 septembre 2014

Goat band live

Goat + Les Big Byrd au Trabendo, Paris, le 25 septembre 2014

Il est rare qu’on sorte d’un concert et qu’on se presse, littéralement, à rentrer chez soi. Bon, y’a bien quelques bières qui peuvent retarder mais là n’est pas la question. Normalement, j’aime bien faire sommeiller ma carcasse, faire travailler la viande et reposer mes moignons, laisser décanter le truc, en gros. Attendre les premiers reports, oui ça arrive, histoire de me dire que je ne suis pas dans le faux. Mais après, vais-je finir mon compte-rendu ?

Là, non, pas de prise de recul, pas d’intellectualisation, juste le ressenti, la peur d’oublier quelque chose, de ne plus être dans l’emphase de l’instant. Du brut, comme se réveiller d’un rêve et d’en retranscrire le maximum sur papier avant d’en être dépossédé de sa sève. Un concert de Goat, puisque que c’est ça dont il est question, ne se développe pas, ça se VIT, telle une communion, au plus profond des tripes, dans un état de semi-conscience. Les extraits, ou les live complets, qui traînent sur le net laissaient prévoir l’aspect sensoriel de voir le groupe suédois in vivo. Dire que j’ai vécu une expérience ce soir-là, ça serait presque minimiser les faits.

Pourtant tout a commencé tranquillement avec la première partie : Les Big Byrd. Un rock psychédélique tendance rétro-futuriste avec maquillages Rocky Horror Picture Show sans l’aspect fesse, en gros. Des lumières clignotantes un peu partout, rouges pour le batteur et blanches sur les doigts pour les autres, et seulement cinq morceaux offerts au public, plutôt clairsemé pour un trabendo peu rempli. Ne me faîtes pas dire ce que je ne vais pas dire, c’était bien, très bien même. Des compos solides, une bonne dose de fuzz sur la guitare et les synthés, des larsens donnant l’impression d’assister à l’atterrissage d’une soucoupe volante sur fond vert. Jéjé approved, forcément.

Goat Band Guitar

Mais rien, je dis bien rien, ne pouvait laisser supposer la transe chamanique qu’allait nous infliger Goat. Le groupe prend son essor en live, c’est évident. À tel point que les albums semblent ressembler à des brouillons préparatoires. C’en est presque frustrant. Ce qui est d’autant plus excitant, c’est la réaction du public. Il devient vite à moitié fou. Et que ça danse, que ça gesticule et qu’on sent chaque parcelle du corps prendre part à la cérémonie aussi psychédélique que tout le funk de ta soul, chaque muscle réagissant, valsant face au rituel communicatif du groupe.

Parce que Goat, c’est un spectacle sons et lumières, des titres qui se rallongent selon l’humeur et l’ambiance (forcément bonne), des chanteuses qui se contorsionnent, prises dans une transe (sonique et spirituelle) et cherchant de nouveaux adeptes. Vous ne pouvez même pas vous douter de la réaction que peut engendrer un bâton avec des plumes ! Le public, lui, y répond. Il hurle, saute, applaudit, gigotte, ferme les yeux et se laisse porter. Votre serviteur, lui-même, partira dans une danse effrénée durant la totalité du set à se démantibuler les cervicales et bouger son popotin de manière aussi hystérique que dangereuse. Je remarque toutefois que les chanteuses-danseuses sont plus coordonnées dans leurs gestes, c’est moins le bordel sur la scène tout en gardant cet aspect libertaire vecteur d’ondes positives.

Et du positif, tu en bouffes. C’est fou, quand tu ressors, t’es bien, vide, libre, si ce n’est le dur retour sur le chantier des vaches, une réalité bien morne et tristounette. Et franchement, ça vous est déjà arrivé souvent ? Alors oui, je pourrais dire que… Non rien. Finalement, je n’ai rien à ajouter. Ceux qui était présents devineront mon état d’esprit (depuis, j’écoute « Commune » en boucle) alors que les autres ne pourront qu’imaginer un dixième de l’expérience vécue.

Et NON, je n’ai pas filmé ou pris des photos. Un concert, ça ne se vit pas en différé, c’est maintenant, là, dans l’instant, l’extase, seulement toi, ton entourage et le groupe.

Jérémy Urbain

http://www.goatsweden.blogspot.se/

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