Gerard – Live In Marseille

Live In Marseille
Gerard
1999
Musea

Gerard – Live In Marseille

Attention, ce live est une véritable tuerie au sens propre du terme, qui ne laissera aucun répit à vos oreilles inondées durant 45 minutes d’un déferlement de notes rendues folles, de décibels et de rythmiques infernales. En effet, le claviériste japonais Toshio Egawa et sa bande au blaze rigolo (un autre groupe de chez eux s’appelle « Fromage », l’exotisme, ça ne s’invente pas !) ne font pas dans la dentelle, et oeuvrent dans le registre du progressif symphonique le plus dense et le plus survitaminé qu’il soit, un peu comme ses compatriotes féminines et sexy d’Ars Nova. Les huit plages entièrement instrumentales de cet album enregistré en 1999 à « L’Affranchi » de Marseille, avec les talentueux français d’Eclat en 1ère partie, sont majoritairement issues des deux opus studio qui le précédaient (« Pandora’s Box » et « Meridian »), ainsi qu’un titre de « The Pendulum » et, enfin, un extrait de l’album solo de Toshio Egawa « Save Knight By The Night ». Les japonais présentent donc le versant le plus énergique (mais y a-t-il seulement un versant « calme » ?) de leur œuvre, à savoir des compositions toujours sous tension, pleines de relief et riche en rebon­dissements, servies par des instrumentistes incroyablement talentueux sur le plan technique. Mais la force du groupe réside essentiellement en la personnité du leader claviériste Toshio Egawa qu’on ne présente plus, et qui n’a plus rien à prouver question virtuosité créative.

Comme d’habitude, et comme dans tout bon disque de Gerard qui se respecte, les claviers sont mis à l’honneur, à la fois grandiloquents et symphoniques à souhait, parfois utilisés en guise de guitare électrique au son bouillonnant et saturé (la partie finale de « Chaos »). Pour les néophytes, il faut savoir que Gerard, à l’instar d’un Emerson Lake & Palmer des années 70, est une formation en trio basse/batterie/claviers, sauf que le bassiste Atsushi Hasagawa ne délaisse jamais son instrument pour la guitare, à la différence de l’illustre et inoubliable légende du rock que demeurera Greg Lake. Les claviers règnent ici également en maîtres absolus, Egawa s’affichant comme le Keith Emerson de l’empire du soleil levant, soutenus par une section rythmique étourdissante, avec des breaks nombreux et une basse grondante comme jamais, les deux instruments toujours en parfaite symbiose.

L’interprétation des huit compositions épiques du disque (avec en tête de liste les bombes définitives « Into The Dark », « The Act Of Apostles » et « Pandora’s Box ») sont époustouflantes de précision et de puissance, et rendent bien compte de la qua­lité et de la folie furieuse des prestations scéniques du groupe. Voilà donc un disque que je conseille­rais à la fois aux mélomanes curieux (car peut-être l’introduction idéale à l’univers extravagant du combo nippon !) et aux fans de la première heure qui possèdent forcément tous les albums de Gerard. De plus, au delà de ses qualités mu­sicales évidentes (on pourrait seulement reprocher une trop grande homogénéité niveau panoplie sonore, ce ne sont pourtant pas les claviers qui manquent), le disque est avantagé par une production formidable et un son énorme et parfaitement mixé, qualités qui faisaient défaut au pourtant très abouti « Meridian » paru l’année précédente.

Voilà donc un opus live totalement indispensable pour les fans de musique rock symphonique on ne peut plus grandiloquente et en fusion permanente. En 1999, un groupe japonais  nommé Gerard a mis le feu à Marseille, qu’on se le dise !

Philippe Vallin (7,5/10)

Site web : http://sound.jp/gerard/

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