Fugu – Harmonia Maudit

Harmonia Maudit
Fugu
2000
Musea

Fugu – Harmonia Maudit

Fugu est une émanation d’Eclat ou a plutôt permis à Philippe Troïsi de sortir de l’ombre de la bande à Alain « Loise » Chiarazzo, groupe au sein duquel il tenait la basse alors qu’il est avant tout guitariste et que le travail de composition le démangeait depuis la grande époque de Quartiers Nord (groupe marseillais mythique, toujours en activité). « Harmonia Maudit » (on appréciera au passage la subtilité du jeu de mots) fut donc la concrétisation, il y a déjà treize ans de cela, d’un projet musical qui reçut la brillante contribution de deux musiciens d’Eclat (le virtuose Thierry Massé aux claviers et le magique Michel Isnard à la guitare classique sur une reprise bouleversante de « Papyrus », extrait du répertoire de Guitares En Trio). La musique proposée sur ce superbe album est à situer du côté d’un jazz-rock fusion, mélodique et plein de finesse, qui pulvérise de son talent l’idée que la virtuosité technique et l’esprit d’aventure puissent être antinomiques du sens harmonique et de l’émotion.

Ne vous laissez surtout pas abuser par le sens de la dérision instillé dans les titres des morceaux. Il se dissimule derrière de fort belles pièces de musique. Cela commence par une entrée en matière grandiose, façon Isildur’s Bane, intitulée « La Walkyrie Quand On… Ouverture En Rut Majeur », et retravaillée en coda sous le titre de « La Walkyrie Quand On… Final Avec Troïsi Bémol A La Clef » (votre serviteur, voisin de Philippe, fut largement responsable des dénominations simples et de bon goût des neuf morceaux gravés sur ce CD).

Par la suite, « Sinistre » n’est pas sans évoquer Pat Metheny croisant le fer avec Allan Holdsworth. « Hommage Au Mage », par sa couleur orientale, rend indirectement hommage au Boffo le plus ethnique. « From Barletta » (dédié à la maman de Philippe) possède la mélancolie et la sensualité mélodique d’un Santana. « X-Fly » démontre, quant à lui, un sens du groove à la Uzeb. Tout cela afin de mettre en exergue les immenses talents de compositeur de l’ami Philippe qui, en outre, se révélait être un guitariste inspiré au jeu fluide et élégant, avec un souci permanent de la mélodie et du feeling.

Les claviers de Thierry Massé n’étaient pas en reste, notamment sur les excellents « A M’ons Domicile » et « Ectoplasmes », sur lesquels ils se fendaient de soli virtuoses à souhait. Au final, cet opus constitue, à ce jour encore, la plus belle réussite signée par Musea dans le domaine du jazz-rock fusion. Total respect !

Bertrand Pourcheron (8,5/10)
Remerciements à Philippe Gnana

 

http://www.musearecords.com/

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