Fugu Dal Bronx – Ti Nedo To Xtro

Ti Nedo To Xtro
Fugu Dal Bronx
2012
Zantrox

Fugu Dal Bronx – Ti Nedo To Xtro

C’est juste un immense plaisir pour moi de vous présenter Fugu Dal Bronx sur Clair & Obscur, et ceci à plusieurs égards. En effet, ce 1er EP d’un groupe de rock instrumental français fait tout simplement la jonction entre mes deux plus grandes passions, à savoir la musique et le cinéma de genre. Et ce lien est incarné par l’inénarrable et talentueux Rurik Sallé, géniteur du projet, un satané personnage chauve décompléxé et multifonctions qui, entre autres activités (journaliste, chanteur, acteur, animateur, musicien, rédacteur en chef, insatiable collectionneur de tee-shirts juste improbables et j’en passe), a surtout été membre de l’équipe rédactionnelle de Mad Movies, revue culte dédiée au cinéma fantastique dont je suis accroc à la mort depuis 1983. Rurik vient par ailleurs de créer avec Jean-Pierre Putters, le fondateur historique de Mad (et l’un de mes héros de toujours, il va sans dire !), « Metaluna », un nouveau magazine de contre-culture disponible en kiosque, et avec lequel il faudra désormais compter.

Mais là n’est pas le sujet du jour, et revenons illico à celui qui nous intéresse, à savoir les 16 trop courtes minutes de ce mini-album 4 titres intitulé « Ti Nedo To Xtro ». Pour réaliser ce dernier, Rurik Sallé, ici au poste de guitariste et de principal compositeur, s’est adjoint les services d’un batteur (Paul de Castro, depuis remplacé par Emeric Fortin), d’un bassiste (Franck Barraud), et d’une violoniste (Vanina Vela), dont l’instrument soliste n’est rien de moins que la vedette de cette formule gagnante. Un cinquième larron prénommé Randy est crédité au piano dans le livret, mais je pense qu’il s’agit là plutôt d’un personnage fictif sorti tout droit de l’esprit tordu de notre fantasque Rurik, car il n’y a aucune trace de clavier dans l’ouvrage en question, à moins que je ne sois déjà devenu complètement sourd ou daltonien de l’oreille (si si, ça existe !)

Le style de Fugu Dal Bronx ? Difficile à définir à vrai dire, tant la musique du combo, ensorcelante d’un bout à l’autre et forte d’un vrai feeling « live », se nourrie de multiples influences, celles-ci allant du heavy metal des années 80 au rock progressif italien estampillé seventies façon Goblin ou Museo Rosenbach (le Mellotron en moins), en passant par le post-rock apocalyptique à la sauce Godspeed You! Black Emperor et, bien sûr, les soundtracks de films d’horreur.

Cinématique et émotionnelle, « Ti Nedo To Xtro » l’est sans conteste, privilégiant assidument l’élaboration de climats éplorés ou sous hyper tension à la démonstration technique et volubile, souvent vaine et totalement hors de propos ici, même si chacun des instrumentistes maitrise parfaitement son sujet. Passé une courte intro assez rentre-dedans qui pose le décor tout en délivrant l’ensemble de la palette esthétique du groupe en moins de 2 minutes, on se délecte de la première pièce d’orfèvrerie du disque avec le fabuleux et bien nommé « Dead March », qui aurait très bien pu trouver sa place dans la bande originale d’un « 28 jours » ou « 28 semaines plus tard ». Le thème obsédant et répétitif joué au violon, et ce crescendo sonique en puissance n’est pas sans rappeler en effet celui conçu par John Murphy pour la séquelle du chef-d’œuvre de Dany Boyle. Intense et jouissif !

Après un « No Limit ! » plus conventionnel, construit autour d’un riff metal solide et efficace, Fugu Dal Bronx nous plonge dans un pur moment de rêverie acoustique avec le mélancolique « Musoo », avant de conclure avec sa seconde pièce maîtresse, l’hypnotique et explosif « Insistation ». Introduit pas une ligne de basse énorme digne du meilleur Tool, ce titre finement ciselé et arrangé (la meilleure compo du EP ?) se décline en plusieurs séquences distinctes qui s’emboitent les unes aux autres, jusqu’à un climax puissant et jubilatoire, fait de martèlements rythmiques, de guitares en ébullition et de violon déchainé qui se lâchent de concert jusqu’à nous laisser sans voix et sur le cul.

La frustration est de la partie également, car tout cela passe très (trop ?) vite, à tel point qu’on en attend de pied ferme un véritable album de Fugu Dal Bronx, car cette aventure pleine de promesse ne peut dignement pas rester sans séquelle. Soulignons enfin l’excellent travail graphique de Nathalie Renneteau et Anne Bardy, responsables de l’artwork du CD, qui nage lui aussi en pleine culture ciné bis, série B et horrifique, en totale adéquation avec l’univers musical du quartet. Voilà, cette chronique touche à son sexe (il n’y aura ici que les Rurik’ addicts comme moi pour comprendre la vanne), en j’espère que celle-ci vous aura convaincu de tenter et de soutenir l’expérience aussi bandante que couillue dénommée Fugu Dal Bronx, qui n’attend plus que vous, oui VOUS !

Philippe Vallin (8,5/10)

http://fugudalbronx.com/

Et maintenant, on regarde joyeusement le trailer sympa :

Et puis on écoute religieusement cet extrait fabuleux :

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