Frank Ayers – Different Skies
Frank Ayers
Autoproduction
Après avoir assuré la batterie, les claviers et les arrangements au sein de Di Mangio (un groupe à l’identité bien marquée par le Marillion des années 80), Frank Ayers fait son apparition dans le petit monde de la ME « Berlin School à la française », rejoignant ainsi les Kryfels et autres Sequentia Legenda, pour ne citer que les plus talentueux parmi les derniers arrivants. Fort d’une expérience de plus de 25 ans dans le domaine musical, ce compositeur actuellement basé en Bretagne publie avec « Different Skies » son deuxième album, quelques mois seulement après le très fréquentable « Footnotes », dont il constitue une sorte de séquelle directe. « Footnotes » est une oeuvre instrumentale 100 % électronique fortement inspirée par le cinéma et la littérature de science-fiction (Frank Herbert, Isaac Asimov, Arthur C. Clarke…), plutôt mélodique, globalement optimiste et particulièrement rythmée, avec des influences bien assimilées allant de Vangelis à Jean-Michel Jarre, en passant par The Art Of Noise et Tangerine Dream.
Si la SF est toujours de la partie, « Different Skies », comme son nom l’indique, nous emmène sous d’autres cieux, moins empreint de sonorités 80’s et davantage axé sur les ambiances que son prédécesseur. Le climat reste fort lumineux et positif, et l’esthétique générale est relativement plus ancrée dans la décennie précédente, avec son lot de synthétiseurs et séquenceurs analogiques. Quoi qu’il en soit, il est clair que l’approche purement contemplative de la musique de Frank Ayers ne risque pas de vous refiler le bourdon ! Ici, vous avez rendez-vous avec la plénitude et l’harmonie, avec une musique qui évite cependant de sombrer dans les pires clichés du genre new-age, trop souvent factice, superficiel, pour ne pas dire sirupeux.
L’album se présente sous la forme d’une pièce unique découpées en 8 parties de durées homogènes, et enchaînées les unes aux autres, peut être parfois de manière trop abrupte. Vu le caractère onirique et cinématique de ce « Different Skies », on aurait aimé en effet que le voyage soit un peu plus « dilué », avec moins d’effets de rupture dans cette alternance de passages atmosphériques et de phases séquencées (mais il s’agit là d’un moindre défaut, et qui plus est, cette observation reste purement subjective). Dans les moments forts de l’album, retenons la très jolie introduction planante, avec ses nappes féeriques et chatoyantes qui ne sont pas sans rappeler la partition de Maurice Jarre pour les besoins du très beau film de Peter Weir, « Witness », où l’on voit les hautes herbes vertes ondoyer à perte de vue sous l’effet du vent, en plein territoire Amish (rassurez-vous, ça marche aussi bien si votre esprit s’en va migrer à la surface d’une accueillante planète lointaine !).
Mention spéciale également à la « Part 6 », qui renvoie au meilleur du Tangerine Dream post « Stratosfear », avec son habile enchevêtrement de séquences hypnotiques rondes et percutantes à souhait, qui vient titiller comme il se doit nos papilles nostalgiques. N’oublions pas non plus le feeling d’un Vangelis qui hante la « Part 6 », un peu comme si le soleil était en train de se lever sur la mégapole étouffante de Blade Runner (d’ailleurs, si vous tendez un peu l’oreille, vous décèlerez sûrement en conclusion de cet opus un petit clin d’oeil, volontaire ou non, à la bande originale du chef d’oeuvre de Ridley Scott !).
Imprégné de culture synthétique des années 70 et 80, « Different Skies » devrait pouvoir séduire un large panel d’amateurs de musiques électronique à l’ancienne. Avec ce nouvel album en forme de symphonie vintage, Frank Ayers aurait-il inventé une certaine idée du « romantisme cosmique » ?
Philippe Vallin (7,5/10)
https://www.facebook.com/frank.ayers.music
Pour écouter et télécharger l’album :
http://frankayers.bandcamp.com/album/different-skies
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Hello ! Pour information, l’album CD est également disponible sur le site PWM-Distrib ►
http://pwm-distrib.com/shop/fr/home/102-different-skies.html?search_query=frank+ayers&results=1