Francisco López – Live In Auckland

Live In Auckland
Francisco López
2008
Monotype Records

Live-In-Auckland

Prévenons d’emblée, Francisco López c’est une variation du field recordings. En effet, là où Chris Watson nous transporte dans les lieux qu’il a enregistrés et compilés, López lui, préfère construire son monde, sa vision des choses avec les sons du quotidien. Il joue avec les symboles des sources sonores pour modifier leur perception aux frontières de l’onirisme, flirtant ainsi avec d’autres styles comme l’ambient, le drone ou la musique concrète. En résulte un travail minimaliste, parfois un peu chiant, avouons-le, mais toujours singulier et atypique. Aussi est-il difficile de se faire une idée de la teneur de son travail (au rythme assez éffréné). Mais s’il y a bien quelque-chose qui fasse l’unanimité c’est bien ses performances live. Il faut l’avoir vécu pour s’en rendre compte. Imaginez juste le public avec un bandeau sur les yeux pendant que l’Espagnol tisse un univers sonore faits de prise de sons mécaniques, urbains mais aussi naturants et organiques.

« Live In Auckland » parait par là comme une très bonne entrée en la matière. Un titre de 43 minutes permettant à l’artiste/compositeur de laisser libre cours à l’improvisation tout en jouant sur la durée, favorisant l’immersion. Il est indéniable que le monsieur n’a pas son pareil pour créer un univers à partir de ce que l’on entend tous les jours. Mais c’est surtout la manière dont Francisco López assemble, décortique, isole, qui donne du piquant à l’affaire.

Le début est évolutif, l’air enfle, des chocs métalliques créent un rythme, l’empilement des échantillons mute en des bourdonnements inquiétants. On est pris dedans, on s’engouffre et puis c’est le silence, tout aussi pesant. Tout juste López le ponctue de sons sourds (Thomas Köner n’est pas loin) avant de faire un concassage de bruits de mouches se superposant, partant ensuite dans un assemblage de tic-tac d’horloges. Le résultat est prenant, l’immersion conséquente, l’imagination en ébullition. C’est dans ces moments que Francisco López excelle. Ce sont ces moments qui donnent une saveur à son travail. À écouter fort, dans le noir.

Jérémy Urbain (8/10)

http://www.franciscolopez.net/

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