Francis Dunnery – Vampires

Vampires
Francis Dunnery
2016
Dark Peak

Francis Dunnery Vampires

Francis Dunnery et moi, c’est presque une affaire personnelle. Pas la peine de faire de recherche pour trouver de la matière, j’ai l’impression d’être un de ses intimes (la réciproque est également vraie, mais je ne crois pas qu’il soit au courant…). D’ailleurs, pour quiconque connaît sa musique, l’effet est identique. Cela doit être à cause de ses textes qui parlent si publiquement de choses qui, normalement, sont abordées dans ton livre de chevet ou avec ton meilleur copain. Peut-être aussi est-ce sa manière de discuter avec le public quand il est sur scène, ou encore lorsqu’il publie sur les médias sociaux, ses opinions, ses prises de position, les articles relatifs aux problèmes de société. Et puis son histoire, il adore en parler, à tous ceux qui l’écoutent s’exprimer ou chanter : après une enfance difficile avec des parents extraordinaires mais tous les deux alcooliques, Dunnery se réfugie dans la musique progressive (surtout Genesis) des années soixante-dix, pour échapper à la déprime et à la délinquance. Il monte des groupes, mais avec It Bites, il « tue la mort ». Je me souviens encore de mon premier CD du groupe, acheté au Virgin au petit bonheur (bah oui, il n’avaient pas de CD de It Bites à 10 € à la FNAC). Dans le confort douillé de mon plumard, mon casque supersonique sur les oreilles, j’étais mort de rire à chaque nouveau morceau. C’était effectivement du prog mais très « yéyé », presque variété et en tout cas extrêmement inattendu.

Bon, il faut tout de même préciser que le coté pop de It Bites n’est pas évident pour tout le monde. C’est d’ailleurs certainement pour cette raison que le groupe a stagné dans sa popularité avant de disparaître. Quand je faisais écouter, hilare, cette musique aux fans de rock prog :
« Attends, attends, tu va vouaaaar, c’est trop drôle, si si si, arrête et écoute » , ils me regardaient dégouté en me disant « C’est de la variète ton truc ! », avant de quitter la pièce en m’ignorant à jamais. Les autres, ceux qui aiment la variète justement, me regardaient médusés en me balançant :
« C’est ça que tu appelles yéyé ? T’es malade mon pauvre gars, c’est n’importe quoi ton machin ! »
MAIS POURQUOI TANT DE HAIIIIIIIIIIINE !!??
En tout cas moi, je n’avais jamais rien entendu de pareil :
Les arrangements étaient déjantés, le chanteur (le suscité dont auquel j’te cause) était déjanté, le guitariste était déjanté (j’ai appris plus tard que c’était le même, car le suscité en question joue aussi de la guitare comme un malade), le batteur était un vrai bûcheron, même dans les chansons les plus tendres, il frappait comme un dingue. Les textes étaient géniaux, et puis, quelle énergie ! Autant te dire qu’à l’occasion de cette première nuit de découverte, j’ai plutôt eu du mal à m’endormir.

Ensuite, j’ai fait comme d’habitude, j’ai acheté tous les albums… Le bonheur. Malheureusement, j’ai aussi découvert que le groupe n’existait plus.
« Bordel, j’arrive toujours trop tard !! » me dis-je découragé. Il faut dire que j’avais découvert Genesis avec A Trick Of The Tail. C’était déjà rageant d’avoir raté de si peu la période Gabriel en concert. Je retrouve plus tard le Francis en carrière solo avec son album Tall Blond Helicopter. Wouaaaaaaah, j’adore !! Ce n’est pas du prog mais j’adore (comme quoi, tu vois bien que je ne suis pas aussi obtus que tu le dis). La voix est différente, la musique est franchement pop (enfin, selon mes critères hein ?) mais l’esprit reste le même. Au même Virgin, j’achète One Night In Sauchiehall Street (bon, tu arrêtes avec tes réflexions, y’en avait pas à la FNAC !). C’est avec cet album live fait dans un (tu reprendras bien un peu de) cottage avec un public de trois pelés et un tondu que ma relation avec Dunnery a commencé à être personnelle. Il te parle de son combat contre l’alcoolisme, de ses tournées avec Robert Plant, il se marre de ses problèmes avec le public. Petit pincement au cœur, nostalgie, amour toujours. Avec Francis, c’est à la vie, à la mort !!

Francis Dunnery

Je passe rapidement sur les différents albums que je te conseille fortement (notamment l’incontournable The Gulley Flats Boys qui te donne l’impression d’avoir été écrit à propos de ta vie), pour en arriver à celui qui nous occupe, Vampires (La vache, ça s’est de l’introduction !). Celui-là, j’en avais entendu parlé sur son site ou sur Facebook, je ne me souviens plus, et je savais que d’avoir travaillé pour Steve Hackett sur son Genesis Revisited 2 le retour, lui avait donné des « envies progues » (ça c’est nouveau, ça vient de sortir comme mot !), de retourner vers ses amours d’enfance, du temps de It Bites. Comble de bonheur, le Francis proposait même à ses fans (j’en suis, suis mon vieux) de chanter dans les chœurs de l’album grâce à internet, la chose est possible (Merci qui ? merci J…pardon).

Je propose ma candidature et JE SUIS PRIS !! Oh la la, la rouste, j’allais apparaître sur la pochette d’un album de mon héros en temps que choriste. Je dois ajouter que j’ai toujours adoré les parties de « backing vocals » de It Bites qui sont belles, osées et drôles à la fois. Bon. Je fais et j’envoie, après quelques échanges avec mes camarades choristes (ben ou,  je n’était pas le seul dans le chœur, ça aurait fait un peu « cheap » sinon) et quelques directives de mon Franky (c’est comme ça qu’on l’appelle quand on est intime). Non mais tu imagines le bonheur de chanter les chœurs dans les morceaux les plus dingues de la période It Bites ? J’aurais pu y passer ! Depuis j’ai acheté le vinyle mais je ne l’ai jamais reçu, alors je ne sais pas si mon nom apparaît ou pas… Et ben cette chronique est pour moi le moyen de parler des ces chœurs extraordinaires qui se trouvent dans l’album et sans lesquels il ne vaudrait pas la peine d’être écouté……. A vous Cognac Jay, A vous les studios !

…………. Non ? C’est pas fini ? Faut vraiment que je parle de l’album ?

Ah, au fait, j’ai oublié de te dire que depuis au moins 10 ans, Francis fait des concerts à domicile (quelle idée géniale) où il mélange musique, histoires personnelles, psychologie, philosophie et astrologie. Il a repris ses études dans les années 90, ou plutôt « pris » ses études d’ailleurs il me semble, et a obtenu un diplôme universitaire qu’il compte bien rentabiliser. De quel album on parle déjà ? Ah oui ! Vampires, ça tombe bien que tu m’en parles… Il s’appelle comme ça pour 2 raisons : d’abord parce que son précédent album se dénomme Frankenstein Monster (ce n’est pas son meilleur, et ce n’est pas lui qui a composé la musique alors « pouêt pouêt ») et que ça l’a fait marrer. Ben oui, Frankenstein, Dracula ? Universal ou La Hammer quoi ! Ça ne te dit rien ? Bon. Mais surtout parce que c’est le nom d’une des dernières faces B de single de It Bites. Pourquoi ? Bah j’imagine qu’il devait bien aimer la chanson, j’en sais rien moi, en plus elle se trouve dans l’album, ça tombe bien !

Bon, Les titres de Vampires ne sont que des super tubes de It Bites, mais interprétés avec sa nouvelle voix, celle qu’il a depuis Tall Blond Helicopter et qu’il revendique comme étant vraiment la sienne (avant, c’était un emprunt et il a dû la rendre). Le Mastering aussi est différent. Bien moins « hyper compressé » que dans les années 80 (ouf).

Ma chanson préférée ? Rooooooh t’exagèèères !! Allez, je te le dis puisque tu insistes : le top pour moi c’est « Old Man And The Angel ». Je ne résiste pas à la métrique en 15/4 de son introduction et à son passage central en latin yéyé (de cuisine donc) suivi d‘une mélodie susurrée, ponctuée par une basse qui déguise le 4/4 en mesure asymétrique à si méprendre, pour enchaîner sur un court passage instrumental en 5/8 avant le retour du yéyé. Y’a tout It Bites là-dedans, ch’te dis ! Petit ombre au tableau de cette reprise, les merveilleux chœurs des fans me portent un peu sur les nerfs, y’a une nana qui a été surmixée et qui couvre tout !! Grrr…

Le reste de l’album, c’est beau comme du It Bites, si tu aimes It Bites. Les beaux slows sur lesquels tu voudrais pouvoir enlacer ta belle (« Ice Melt Into Water », « Never Go To Heaven ») et la laisser pleurer sur ton épaule si tant est que son rimmel est water résistant. Les rigolotes « Screaming On The Beaches », « Underneath Your Pillow », et puis les tubesques « Yellow Christian », « Calling All The Heroes »… Aaaaaaah Francis !

Pascal Bouquillard

https://www.francisdunnery.com

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