Fire ! – Without Noticing

Without Noticing
Fire !
2013
Rune Grammofon

Fire ! – Without Noticing

Le cas Gustafsson est unique. Infatigable, insatiable, généreux, Mats vit et respire au travers de ses nombreux, très nombreux projets et complices. Digne héritier de Peter Brötzmann, en plus rock et punk, le saxophoniste Suédois fait voir par l’écoute un plaisir de jouer contagieux, physique, parfois corrosif, se transmettant à ses compagnons de route. C’est un virus, celui qui fait monter la température, qui crée le mouvement, l’ondulation, les remous à la surface, le tourbillon puis la tempête. En même temps, je me rends compte qu’il est extrêmement difficile de parler de jazz, vraiment. Comment le décrire au risque de se répéter ? Chaque sortie amenant son lot de prise de risque, d’intensité, de subtilité, de violence, d’ivresse… Alors comment aborder « Without Noticing », le nouvel album de Fire!, projet davantage orienté krautrock que jazz d’ailleurs ? Manipulations et autres stridences ouvrent et ferment l’album. Il n’y a pas de notice. Ensuite vient le rythme, la chaleur d’une basse, pesante, groovy, attachante. Gustafsson se laisse aller à ses penchants les plus savoureux, mélodiques, outre quelques percées acérées. Le rythme est tenace, entêtant, hypnotique, et on se laisse aller doucement, on se laisse guider, surement. C’est d’une telle simplicité, d’une évidence, magnétique. L’exemple typique de la galette qu’on remet en boucle, faisant monter la température sous le halo d’une lumière colorée. Pas de montée exponentielle, ni d’intensité ou d’urgence qui bloquent le souffle, mais un déballage précis, lent, nullement contrarié par les vagues électroniques bruitistes et autres accélérations d’aspiration. Seulement voilà, avant, il y eu Fire ! Orchestra. Vlan ! Ce qui manque à « Without Noticing » ? Une certaine ampleur, ce léger grain de folie libératrice, peut-être. Le petit quelque chose qui ferait décoller l’ensemble. Et pourtant, ce disque respire la sympathie, le plaisir d’écoute, les airs dont on se rappelle. C’est un aimant. Comment ne pas aimer, ni résister ? Pas de notice on vous dit…

Jérémy Urbain (8/10)

http://www.earthwindand.com/

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