Fire! With Oren Ambarchi – In The Mouth – A Hand

In The Mouth - A Hand
Fire! With Oren Ambarchi
2012
Rune Grammofon

In-The-Mouth-A-Hand

À peine un an après la sortie de « Unreleased ? » et en pleine période d’hypocrisie ou chacun se transforme en amateur de jazz averti, c’est la période, c’est la mode, ça fait chic… et en plus il fait beau ! Fire! sort son nouvel album toujours sur Rune Grammofon. Si le précédent brillait par la présence de Jim O’Rourke, celui-ci convie un autre guitariste tripatouilleur, Oren Ambarchi. Le monsieur m’avait déjà agréablement surpris avec son album « Audience Of One ». Son titre « Knots », du haut de ses 33 minutes, avait laissé cette impression d’une fluidité, d’une liberté de création et d’un esprit facilement cohabitable avec le free-jazz de Fire!. Et pour tout dire, quand j’écoute « In The Mouth – A Hand », je me prends le poing de la pochette en pleine poire.

Bon…Y’a pas à tortiller du derche, le nouveau Fire! est une tuerie, une vraie ! Celle que vous mettez à fond sur vos enceintes, qu’on réécoute avec un plaisir et une satisfaction sans bornes. Une poignée de main amicale et vigoureuse avec celui qui l’écoute. La tension est au paroxysme, le groupe atteint des sommets dans la montée progressive de ses constructions. Tout se mélange. Le saxo tendu de Gustafsson, les montées dronisantes d’Ambarchi, puissantes, se fondant à merveille à l’ensemble, cette basse rock… C’est trop. Je ne sais pas si je pourrai finir cette chro. Le sentiment de liberté purement free est palpable, haptique. On est libre d’écoute et de compréhension. On ressent cette transe. Mieux… on la vit. « And The Stories Will Flood Your Satisfaction » en est, sans aucun doute, le paroxysme. Une frénésie gargarisante, une élévation sonique. Cette improvisation au Fender Rhodes, cette amplification parfaite, cette commotion des éléments. Le temps s’arrete. Il n’a plus cours, reste ces musiciens, ce tourbillon de sensations, brut, libéré de toutes attaches, ce plaisir de jouer et de le partager.

L’élévation était colossale,affranchi de toute analyse, la descente, elle, se fera plus diffuse. Elle laisse d’abord place à Oren Ambarchi triturant, grattant, lacérant sa guitare sur les longues minutes de « He Wants To Sleep In A Dream ». Pas besoin de directives, le reste du groupe suit comme un seul homme. Nul besoin de se regarder tant qu’il reste cette fibre, le morceau est vécu de toute part… Exténuant… Survient le mouvement final. Moins surprenant quand on connait l’Australien mais si à propos sur ce disque. Un drone ayant sa propre autonomie, à peine perturbé par ces battements et ces quelques roulements et tintements de cymbales. Physique… comme si on entendait le disque de l’intérieur de notre corps, vibrant nos muscles, notre épiderme sensoriel. Pulsations. Perception brouillée. Et puis… C’est le silence…

Jérémy Urbain (9,5/10)

http://www.earthwindand.com/

http://www.orenambarchi.com/

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