Fire ! Orchestra – Exit !

Orchestra - Exit !
Fire !
2013
Rune Grammophon

Fire ! Orchestra – Exit !

Chemin de traverse. Sensorialité poussée à son extrême onction. Une expérience, une vraie ! Celle que l’on n’attend pas, qui n’était pas prévu. Trop tôt… Des chemins qu’on a envie d’emprunter même si ceux-là sont faits de dissonances, de virages feutrés, d’instants de silence pesants, de digressions aventureuses. L’asphalte qui se retourne, œuvre d’une multitude de mains et de souffles portées par le vent. Une sortie qu’on recherche dans une éternelle fuite en avant, et dont on s’amuse les yeux mi-clos à en mesurer l’opacité. C’est comme prendre les mains de ses voisins pour se propulser comme un missile. Pas de tête chercheuse mais une montée souterraine, un grondement, d’abord lointain, qui s’amplifie dans des rythmes concassés qui n’ont pas peur de se fragmenter, de glisser telle une couleuvre sur de l’herbe sèche. « Exit ! », on peut difficilement y apposer un autre terme. Recherche, sentiment d’urgence qui s’éternise sur des pièces aux formats reptiliens, deux longs mouvements ascendants. Une trentaine de musiciens, une marque stridente, frénétique. De la fulgurance, quelque chose qui habite ces êtres.

Oh, il y a bien Mats Gustafsson, ce saxophoniste libertaire, mais il est bien question d’orchestre. Ces apartés fanatiques, ces envolés lyriques, exaltant l’air. Une description que je me refuse de faire. Pure perte… C’est dans l’écoute que « Exit ! » se découvre, se dénude, avec délicatesse ou voracité. C’est dans ses tempos kraut et hypnotiques qu’on se refuse à quitter la route. C’est dans son groove électrique qu’il entre-ouvre les portes de l’imaginaire. C’est dans ses racines free qu’il invite la musique électronique à sculpter des rivages. C’est dans ses épanchements qu’il laisse flotter un psychédélisme olfactif. Fire ! Orchestra, entité bicéphale multi-faces. Un projet, aussi fou soit-il, qui ne s’explique malheureusement pas avec des mots, mais avec des images, des perceptions, des collectes d’instants vécus. Un cliché qu’on ressert de temps à autres parce qu’on ne trouve pas le terme adéquat (ou par fainéantise assumée): l’album qui se VIT !

Plonger ses mains dans la terre pour la ciseler, lui donner forme, passion, violence, douceur et inquiétude. Un invité de marque qu’on ne cherche pas à décevoir. Unité, cohésion, des mots ici et là posés, comme ça, plus ou moins assemblés. Ce qui se fait de mieux, ce qu’on peut faire mieux. Je ne peux pas faire mieux. Et dans cette débauche d’énergie, on en retient son architecture, faussement bancale, son final chaotique. Transe. Impossible d’écrire du concret.

Arrête de lire, ça ne sert à rien… Ode à la folie (enfouie, créatrice) et un pur bonheur des oreilles. Comment faire percevoir, à toi, aimable lecteur, l’étendue d’une telle galette ? Si ce n’est pas un des disques de l’année, je veux bien qu’on me coupe les…

Jérémy Urbain (9,5/10)

http://www.earthwindand.com/

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