Father John Misty – I Love You, Honeybear

I Love You, Honeybear
Father John Misty
Bella Union
2015

Father John Misty – I Love You, Honeybear

Father John Misty I Love You, Honeybear

Jonathan Wilson, vous vous souvenez ? C’est cet originaire de Laurel Canyon (Los Angeles) qui a remis la folk aventureuse des années 70 au goût du jour avec deux opus monumentaux. Celui qui a réussi à faire sortir Roy Harper de sa retraite et qui a enregistré son dernier album. Celui qui a hébergé les Midlake pour qu’Antiphon voit le jour. Oui, ce bienfaiteur de l’humanité, en tout cas pour la cause musicale, récidive avec la production d’un gus appelé Father John Misty. Un peu mystérieux et vaporeux ce nom là… Caché derrière ce pseudo se trouve le folkeux Josh Tillman, ancien batteur des Fleet Foxes et qui s’offre son deuxième solo. Et que nous propose Josh ? Une relecture de la folk et de la pop à tendance songwriter des années 70. Mais on est quand même loin de Wilson, car Tillman, lui, articule. Déjà. Et ses chansons ne respirent pas non plus l’hommage respectueux. Mais attention, les albums de Jonathan Wilson tiennent quand même du génie ! Aussi, force est de constater que Father John Misty y va sans vergogne et propose un album mélodieux, aux allures de classique oublié des années 70, façon Elton John des grands jours, entre autres. Dans le même registre, on peut rapprocher Tobias Jesso Jr, avec son Goon qui lui est plus à base de piano, et plus naïf, mais très bon également.

L’univers de Josh Tillman sur cet album est pétri d’ironie et d’humour. Les paroles sont des histoires parfois drôles, sur sa vie personnelle, à tendance sarcastique. La religion en prend pour son grade, il n’y a qu’à regarder la pochette ! Cela donne à Tillman une aura d’autant plus sympathique ! I Love You, Honeybear s’ouvre sur le titre éponyme et offre un univers pop folk luxuriant, avec des cordes magnifiquement employées, et une voix charismatique et chaleureuse. Imparable, et sans être sirupeux. « Château Lobby #4 (In C For Two Virgins) » serait presque improbable avec ses mariachis sortis d’on ne sait où, mais qui passe superbement bien à l’écoute. « True Affection » prend ses racines dans l’électro vintage. On pense carrément à la nouvelle tendance du moment façon OMOH par exemple, voire le Sufjan Stevens de The Age Of Adz avec ses multiples couches d’instruments et de voix saupoudrées d’un soupçon de Other Lives. Un plaisir immédiat.

Father John Misty

« The Night Josh Tillman Came To Our Apt » est typiquement le genre de chanson narrative qui aurait été un classique dans les années 60 (sans le mot « fucking » bien sûr). Une chanson aux allures naïves mais réjouissante, aux paroles géniales. Le morceau super soul qui tue, c’est « When You Smile And Astride Me ». Décidément, ce mec sait tout faire. « Nothing Good Ever Happens At The Goddamn Thirsty Cow » s’en va dans la folk wilsonnienne (Jonathan, hein, pas Steven …) et s’envole dans une bulle aérienne brumeuse. « Strange Encounter », hybride folk et pop, est plaisant à l’oreille, avec un petit côté lounge sympathique. Retour aux swinging 60’s avec « The Ideal Husband », très rock et dynamique avec un poil de Lennon et de Harrison.

« Bored In The USA » est une critique acerbe de la société conformiste dans laquelle Tillman a été élevé, à savoir une communauté chrétienne très stricte. Tillman y dit « Save me white Jesus », accompagné de rires enregistrés, une chronique façon Elton John, et au-delà de la référence à Springsteen, un titre émotionnel très réussi. Des accents du T-Rex acoustique sur « Holy Shit » achève de renforcer la sympathie que l’on éprouve envers Father John Misty. Une belle ballade. Enfin, « I Went To The Store One Day », tranquille et plein d’émotions, avec des paroles assez étranges et décalées, nous sert une folk à cordes en guise de dessert, avec une facilité déconcertante.

L’écoute de I Love You, Honeybear ravive des sensations passées qui ne nous lâchent pas jusqu’à la fin. La subtilité du disque, ses arrangements, les talents de songwriter de Father John Misty, nous invitent à nous projeter au-delà de notre univers pour nous installer dans celui d’un autre, assurément riche et très personnel. Un plaisir qui s’écoute, se réécoute sans lasser. Une réussite, donc.

Father Fred Foggy Natuzzi

http://www.fatherjohnmisty.com/

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