Faith No More – Sol Invictus

Sol Invictus
Faith No More
2015
Reclamation Records/Ipecac

Faith No More Sol Invictus

Groupe légendaire qui a évolué d’un post-punk hanté à un rock alternatif percutant où s’invitait le rap avec l’arrivée du versatile Mike Patton, Faith No More revient après 18 ans d’un silence ponctué d’apparitions épisodiques sur scène. L’attente n’aura pas été vaine, car « Sol Invictus » s’annonce d’ores et déjà comme l’album d’un retour réussi pour cette formation de premier plan. Sur cet opus très attendu, Mike continue à brouiller les pistes avec ses voix tour à tour enthousiastes, enragées et affolées. Il nous offre un panorama de ses divers possibilités, enrichies au fil des ans par ses nombreux projets et collaborations tous plus improbables les uns que les autres. Par là même, il crée un monde rempli de personnages truculents. Ainsi, aux côtés de cette nonchalance « nasale » gorgée de solennité et d’espoir (« From The Dead »), retrouve-t-on la gravité d’un personnage de tragédie shakespearienne (« Matador »). Ce sont par ailleurs les tourments d’une âme en proie à la peur (« Separation Anxiety »), mais également le chagrin noyé dans le bourbon d’un pilier de bar (« Cone Of Shame »), ainsi que les désillusions d’un rappeur (« Motherfucker »), qui nous interpellent.

Mais, justement, il serait bien illusoire de vouloir dégager une tendance vocale par morceau. Un titre ne présente jamais un seul type de voix, le charismatique chanteur/compositeur se refusant à la prévisibilité et encore moins à la banalité : il cherche toujours à nous surprendre (ne chantait-ils pas déjà « Surprise! You’re Dead! » en 1989 ?). En témoigne « Rise Of The Fall » où une voix de fausset fait suite à un growl des plus réussis. Fort de cette versatilité, Mike entraîne ses compagnons dans des territoires aussi bien sereins (« From The Dead » dont le refrain ferait presque écho au retour du groupe sur le devant de la scène), que mouvementés (« Superhero » avec ses guitares insistantes et son piano hanté).

Dustin Rabin Photography, Faith No More, FNM, Dustin Rabin

Par ailleurs, les démons du patrimoine musical américain semblent émailler la toile sonore (un harmonica esseulé par-ci, le folk des Appalaches par-là, un spiritual des champs de coton plus loin, ou encore le blues des origines). Même si les cinq américains aiment explorer divers horizons et déboussoler l’auditeur, ils n’en gardent pas moins un appétit féroce pour les refrains accrocheurs, que ce soit sous forme de paroles (« Rise Of The Fall ») ou d’onomatopées (« Cone Of Shame »), ce qui contribuera à rendre les spectateurs acteurs lors de leurs prestations scéniques.

Avec un nouvel opus maniant habilement les ambiances hantées, enjouées et effrénées, nous pouvons donc garder la foi en un Faith No More qui n’a rien perdu de la sienne en une musique qui transcende les frontières. Voici une formation emblématique avec laquelle le monde de la musique peut continuer à compter avec le sourire.

Lucas Biela (10/10)

http://www.fnm.com/

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