Ending Satellites – The Lost Tapes Vol.2

The Lost Tapes Vol.2
The Ending Satellites
2014
Autoproduction

Ending Sattelite The Lost Tapes Vol A

Damien Dufour est un esthète. Ce musicien de l’ombre et photographe Français navigue seul à la barre du vaisseau Ending Satellites, un projet très personnel au sein duquel l’artiste associe ses différents talents et modes d’expression. J’avais découvert son univers instrumental d’une rare sensibilité en 2013, à l’occasion de la sortie de « And So Sing The Black Birds« , un ouvrage bien rempli et particulièrement émotionnel, se situant quelque-part à la croisée du post-rock et de l’ambient cinématique. Comment ne pas tomber sous le charme de ce petit chef d’oeuvre de beauté contemplative, varié et mélancolique à souhait, invitant l’auditeur à la rêverie et à l’introspection ? Fort de deux albums et quelques EP’s tous dignes d’intérêt, Damien nous propose aujourd’hui un nouveau mini incluant trois titres, intitulé « The Lost Tapes Vol.A ». Comme son nom l’indique, celui-ci inaugure une série d’autres volumes constitués de pièces qui n’ont pas trouvé matière à compléter ou à ébaucher un album à part entière.

Ce premier volet, composé et enregistré au Pays Basque puis masterisé à Québec, marque une petite pause dans le style habituel développé par Ending Satellites. Car il est toujours bon d’essayer de ne pas trop se répéter musicalement parlant, même quand on le fait avec un certain brio ! Aussi, Damien Dufour n’est pas le genre d’auteur à se reposer sur ses lauriers, et ce malgré la grande cohérence (sur le fond) de ses productions. En effet, exit ici les longues plages avec variations de climats, lentes progressions instrumentales et explosions électriques fougueuses inhérentes au genre post-rock, véhiculant lui aussi des clichés à la pelle, comme un certain « rock progressif ». « The Lost Tapes Vol.A » révèle une autre facette du travail de Damien, plus « statique », plus acoustique, mais sans néanmoins trahir l’esprit immersif, recueilli et quelque-peu désenchanté qui caractérisent cette musique depuis les origines de son bébé.

We are from near and far

La guitare flamenca est ici l’instrument soliste qui domine ces trois compositions, à savoir deux inédits, ainsi qu’une reprise réarrangée du divin « We’re From Near And Far ». C’est d’ailleurs celui-ci qui ouvre ce trop court voyage à savourer d’une traite, avec de jolis arpèges acoustiques et cette mélodie ensorcelante, délicatement appuyée sur un tapis d’orgue, avant que le piano ne vienne prendre le relais sur l’envolée finale (on pense un peu au Air ou au Goldfrapp des débuts). Avec son intro façon « No Surprises » de Radiohead (sur le référentiel « Ok Computer »), « Royal Park » en conserve les ingrédients sonores (tel que ce sifflement synthétique envoûtant, esprit d’Ennio Morricone, es-tu là ?), mais peine à nous faire décoller comme il se devrait, et encore moins à « méditer » vu sa durée quelque peu ramassée.

Enfin, notre petit périple s’achève avec « Interludes 2 », un morceau plus chaleureux malgré les quelques secondes de textures délicieusement glaciales en ouverture, où flûte traversière et six-cordes dialoguent sur une rythmique posée et linéaire. Si le style a changé, on reconnaît tout de même la patte de Damien Dufour, qui avec ce « The Lost Tapes Vol.2 » nous caresse les papilles auditives tout en nous laissant un peu sur notre faim. Mais ne vaut-il mieux pas une sensation de pas assez plutôt qu’un plat lourd et indigeste ? Il n’empêche qu’il me tarde de me replonger dans un nouvel opus en cinémascope de Ending Satellites, après ce sympathique court métrage d’un autre genre, à déguster lentement dans l’attente des parutions à venir.

Un nouvel EP à découvrir donc, même si celui-ci n’est pas forcément la meilleure porte d’entrée pour voguer dans le monde spleenétique et éthéré de Ending Satellites. Comme à chaque fois, l’oeuvre en question est proposée en téléchargement gratuit (même si les dons en ligne sont les bienvenus pour soutenir l’artiste et sa démarche !), incluant quelques superbes clichés photographiques. Damien Dufour est un esthète, mais il me semble vous l’avoir déjà dit…

Philippe Vallin (7,5/10)

http://www.endingsatellites.com/

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