The Dizzy Brains – Out Of The Cage

Out Of The Cage
The Dizzy Brains
X-Ray Production
2016

Les 4 énervés de The Dizzy Brains nous viennent de Madagascar et ça n’est pas un mince exploit que de parvenir à la notoriété en jouant du Punk/Rock garage dans un pays où la variété et les musiques traditionnelles se taillent la part du lion, y compris chez les jeunes.

C’est bien simple, malgré six voyages sur l’Île rouge, je n’avais jamais entendu parler d’eux et c’est donc en France que leur réputation est parvenue jusqu’à moi. D’ailleurs, comme nul n’est prophète en son pays, c’est dans l’hexagone  que les natifs d’Antananarivo sont sortis de leur cage (à l’instar du titre de leur CD Out Of The Cage) en particulier aux Transmusicales de Rennes et au Printemps de Bourges.

13/10/2015 – Antananarivo, MADAGASCAR – Le groupe THE DIZZY BRAINS. PHOTO : © RIJASOLO

Si en live, The Dizzy Brains met le feu, il n’est pas en reste sur cet album. Eddy éructe la plupart du temps un chant très cru et écorché vif mais sait le mâtiner d’une certaine chaleur lorsque DB passe en mode groovy (« Baby Jane », « Tovovavy All Right »).

Le groupe s’appuie beaucoup sur cette voix brute de fonderie et du coup, on pense aux Stooges ou à The Hives en les écoutant mais aussi à Midnight Oil. C’est qu’ils ne se contentent pas de balancer la sauce basiquement. Les titres qui finissent toujours par rejoindre les rivages Punk/Rock explorent cependant d’autres territoires.

Je parlais de groove comme sur « Raw » ou « Tovoavy All Right » mais ce sont également des accents de blues (« Brain Attack »), de funk (« Finger Up »), voire même quelques touches de reggae (« Noana Be ») que le groupe incorpore à ses créations. N’oublions pas que DB a signé sur un label spécialisé dans le … reggae ; mais je ne pense pas que cela les ait influencés. Egalement, le jeu de guitare de Poun, pourtant très rock avec des soli collant bien au chant (« Be Your Man »), adopte parfois des sonorités très 60’s (« Boom », « Baby Jane »).

Ces explorations ne grèvent pas la puissance de cette galette mais au contraire, lui donnent une touche d’éclectisme qui lui évite d’engendrer la monotonie.

Ainsi donc, The Dizzy Brains fait preuve de qualités techniques et de composition qu’on n’attend pas forcément dans ce genre musical, témoin le jeu de basse de Mahefa omniprésent sur « Boom ».

Les textes du groupe donnent dans la révolte et l’urgence qui prennent leur source dans le quotidien désabusé de la jeunesse malagasy sur fond d’insécurité et de corruption. Pour autant, The Dizzy Brains ne renie pas son pays, n’hésitant pas à exprimer sa faim, ses interrogations et les jolies filles dans sa langue natale. On a alors du mal à reconnaître cette langue aux accents si chatoyants et doucereux quand elle s’exprime par les cordes vocales à vif d’Eddy.

La reprise du fameux « Les Cactus » de Jacques Dutronc n’a rien de ridicule même si elle s’écarte notablement de l’original. Le morceau est réarrangé en deux parties. Tout d’abord funky puis brusquement très rock, il est exécuté sur un mode très roots qui n’a rien à voir avec la façon dont je l’ai entendu chanter dans les karaokés à Madagascar, là où les jeunes Malgaches s’éclatent sur les vieux titres de la variété française. Effectivement, il y avait peu de chances que je rencontre les quatre de The Dizzy Brains dans ce genre d’endroit.

Pour autant, je comble de bon cœur ce trou dans mon panorama rock avec cette chronique d’un CD qui m’a étonné à bien des titres. Je compte bien aller mater les quatre diables métissés de The Dizzy Brains sur scène pour me nourrir de leur énergie tropicale.

Rudy Zotche

https://www.facebook.com/thedizzybrains.pageofficielle/

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