DeStijl – Debut

Debut
DeStijl
280 Communications
2018

DeStijl – Debut

DeStijl Debut

Une première écoute, même à l’arrache, de Debut montre vite à quel point DeStijl est un groupe qui joue solide, carré et comme un seul homme. Mais il faudra une, deux, trois, et en vérité plein d’écoutes attentives pour comprendre à quel point le jeu de DeStijl est fin, profond et bourré de recoins super qualitatifs à explorer encore et toujours. DeStijl, c’est du lourd et déjà un long passé qui a forgé le style très particulier de cette formation très changeante et cependant en constante progression. Enfin, quand je parle d’un style très particulier, je veux dire pour un groupe français. Car contrairement aux apparences, DeStijl n’est pas une formation anglaise ou américaine, non, non, non, même si… Mais n’anticipons pas, expliquons plutôt.

DeStijl, référence au mouvement et à la revue artistique hollandaise De Stijl créés en 1917 par Piet Mondrian et Theo van Doesburg, est un groupe de rock montpelliérain chantant en anglais et s’articulant autour du créateur et principal compositeur du groupe Pascal DeStijl, Pascal Portugues de son vrai nom. Fondé en 1995 par Pascal DeStijl et John Cleary, DeStijl sort son premier album éponyme et autoproduit en 1997. Il sera suivi, en 1998, d’un EP intitulé Trip Factor, avec Arnaud Monteil à la basse. D’un style purement pop-rock, cet EP sera élu « Autoproduction du Mois » par le magazine Magic. C’est pourtant le moment où John Cleary met un terme à sa carrière de musicien. En 1999, DeStijl sort son nouvel album intitulé De:construction. Celui-ci voit Pat Roberts s’installer à la guitare et la chanteuse norvégienne Agnete Thuland au chant. Pascal DeStijl compose tous les titres et délaisse le chant, hormis les chœurs. L’album va se vendre à 500 exemplaires, sans aucun réseau de distribution, uniquement avec une promotion locale. Agnete Thuland considérera sans doute cela comme un échec et retournera en Norvège.

DeStijl Debut Band1

Un long break va suivre, qui ne se terminera, sept ans après, qu’avec la décision de Pascal Portugues de se remettre à la tâche et d’aligner de nouvelles compositions à la tête d’un line-up entièrement repensé, puisque passé du duo au quartet. Le résultat sera la publication en 2010 d’un troisième album intitulé The White Stripes, clin d’œil appuyé au groupe du même nom qui avait nommé son second album De Stijl en 2000. The White Stripes voit l’arrivée de Fred Vernay au chant et s’avère un crossover entre Joy Division et Depeche Mode. De plus, cet album présente la particularité d’être décliné en trois versions : rock (The White Stripes), acoustique (Knock On Wood) et electro (Substance).

Depuis 2010, la formation paraît s’équilibrer autour du trio P. DeStijl/Pat Roberts/Fred Vernay, rejoint en 2012 par Éric Manchon à la batterie. Le groupe a enregistré son quatrième album Something Wicked This Way Comes à l’hiver 2012 à Manchester, un nouveau sommet dans sa carrière, avec le multi-instrumentiste Yves Altana à la réalisation. Trois musiciens invités jouent sur cet album. Peter Hook, ex-bassiste de Joy Division et de New Order, excusez du peu, Julie E Gordon, ex-choriste des Happy Mondays, ce qui nous rappelle d’excellents souvenirs, et Vincent Ferrand au piano. En 2016, le groupe est retourné enregistrer à Manchester son cinquième album, intitulé Debut, avec cette fois encore des invités du cru, Julie E. Gordon, Monica Ward et Louise Turner. L’album a ensuite été mixé par Danny Saber, producteur et ancien membre du groupe mancunien Black Grape. Debut, c’est du pur rock brut, assumé, brillant et taciturne, toutefois enrichi d’atmosphères électro-pop qui rendent le tout aussi mélodique et nerveux que rythmé. Chaque titre est assez fouillé pour pouvoir se suffire à lui-même, mais l’album aussi assez bien bâti pour s’écouter sans problème d’un seul bloc. De fait, Debut est une collection bien rangée de diamants sombres formant un système cohérent, judicieux et redoutable. La guitare fluide et stylée de Pat Roberts se pose en parfait contrepoint à la batterie sèche et précise d’Éric Manchon, la pointe du triangle étant constituée par la voix expressive et suave de Fred Vernay.

Il y a de la poésie dans tout ceci. Je pense, entre autres, à « Cassilda Song » qui nous parle d’étoiles noires. Mais on y trouve aussi des climats mêlant cold wave et électro-rock industriel, comme dans « In Your Memory » et « Death As An Option », où perdure ce qui fait en tâche de fond la signature du groupe. Cependant, avec « Out Of Range », Debut annonce la couleur dès le départ. Debut sera radicalement d’inspiration mancunienne ou ne sera pas. Et pour en être bien certain, DeStijl a tout simplement enregistré l’opus à Manchester. D’où cette atmosphère à la fois mélancolique et distinguée qui sied si bien à cet album. Écoutez « Too Late », vous verrez…

Frédéric Gerchambeau

http://www.destijl.info/wp/

Un commentaire

  • Pascal DeStijl

    Merci pour cette jolie chronique ! Pour l’histoire, Agnete est repartie en Norvège pour raisons personnelles où elle est devenue productrice de télévision et a notamment créé l’excellente série Lillehammer 😉

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