D’Ercole – Hard Core

Hard Core
D'Ercole
Rock Company
2021
Rudzik

D’Ercole – Hard Core

D'Ercole Hard Core

Tout faux ! J’avais tout faux en 2019 en chroniquant The Power Of Suggestion de Tragik quand j’écrivais que le prolifique guitariste compositeur Phil Vincent s’était recentré sur ce projet, lui qui menait de front Tragik, Circular Logik, D’Ercole, Legion, CranstoN, quand il n’était pas aux affaires avec ses propres albums solos. Et Bing ! Tel le Neal Morse du rock mélodique, le voilà qui sort coup sur coup en moins d’un an Faith de Tragik, Today, Tomorrow, Yesterday en solo et très récemment Hard Core de D’Ercole. Impressionnant triplé ! Mais est-il possible de s’y retrouver dans ces différents projets ou plutôt d’y trouver des différences ? C’est que Phil compose, chante, joue de la guitare et produit presqu’en totalité tous les morceaux de ceux-ci. Leurs line-up réunissent régulièrement Damian D’Ercole (basse), B.F. D’Ercole (batterie), Vince O’Regan (Guitare solo), tous membres de D’Ercole, mais aussi Dirk Phillips, Janne Stark ou Thomas Bushell (Tragik). Si vous vous demandiez d’où venait le patronyme du groupe, je pense que vous aurez trouvé tout seul… surtout que le nom de son leader est Phil Vincent… D’Ercole (Damian, B.F. et Phil sont cousins). Le risque est que tout ce joli monde finisse par tourner dans son jus et que les albums de tous ces groupes ne se démarquent pas assez les uns des autres. Force est de constater que c’est parfois le cas avec cependant un point commun, qui finalement est le plus important dans tout ça : la qualité de composition, d’exécution et de production est systématiquement au rendez-vous.
L’occasion était parfaite pour moi de comparer au moins trois de ces projets puisque mon bon ami Phil m’a fait le plaisir et l’honneur de m’envoyer un tir groupé des trois albums (précités) sortis ces derniers mois. Ne pouvant décemment pas chroniquer au rythme des sorties de l’infatigable leader américain, j’ai choisi de centrer ma chronique sur le petit dernier D’Ercole avec cependant une approche transverse de tous les groupes menés par Phil. Je n’en ai pas fini avec le patronyme du groupe car c’est également celui du studio familial dans lequel sont produits tous les projets de Phil. A contrario, D’Ercole étant également le syndrome d’une maladie génétique caractérisé par une insuffisance cardiaque, une microcéphalie et la petite taille des malades, on peut affirmer que Phil Vincent est clairement à l’opposé de tout ça, lui qui mène son groupe avec un cœur gros comme ça, des idées plein la tête et en voyant les choses en grand. Hard Core n’a rien à voir avec cette maladie et encore moins avec le genre musical dénommé ainsi. Pas de growles ni de blast-beats au programme mais cependant on peut noter une sécheresse des riffs nettement plus marquée comparativement à Tragik, un chant et des arrangements vocaux plus agressifs.

D'Ercole Hard Core band1
On a souvent droit à une photo féminine assez affriolante sur les jaquettes des albums des projets de Phil Vincent. Cette fois-ci, on pourrait imaginer que la superbe « Lara Croft » de la pochette intérieure d’Hard Core a récupéré le revolver de celle de The Power Of Suggestion (Tragik) pour tirer à balles réelles au nom D’Ercole. Il faut dire que son premier titre, « Keep It All Together » est particulièrement In your face. Ça riff, ça break et ça cogne grave avant d’envoyer une seconde balle tout aussi mortelle avec un « Bad Dream » sur lequel les frappes de caisse claire claquent sévèrement. « This Is Your Life », plus AOR, calme un peu le jeu avec son intro de claviers old school façon Toto et ses couplets à la Styx/Foreigner, mais ça repart à fond avec un très costaud « So Many Years » aux sympathiques accents de twin guitar sur le refrain. Non mais la twin ça reste gentil me direz-vous ? Bah, Fourrez-vous le très pesant « Lost In Yesterday » dans les esgourdes pour confirmer que D’Ercole ne lésine pas sur les décibels. Ouf ça s’allège un peu pour les rocky « Home Again » au solo explorant toutes les notes de la gamme et « Bringing Me Down » plus consensuel, ainsi que pour la classique ballade « Far Away » que, du coup, on aurait pu attribuer à Tragik. D’ailleurs, j’ai fini par demander au fécond compositeur américain comment il faisait le choix pour attribuer à tel ou tel projet chaque chanson qu’il composait ? Voici sa réponse : « Au début, Damian écrivait la majorité des chansons de D’Ercole. Mais il est vrai que je suis devenu le principal compositeur de celui-ci et de tous mes groupes donc, il y a effectivement un style d’écriture commun. Cependant, mes chansons sont soumises à un cycle de validation dans chaque groupe. Les membres de Legion sont moins réactifs ce qui explique qu’il sort moins d’albums. Ainsi, des différences d’écriture existent principalement du fait des apports des autres musiciens de chaque groupe, mais aussi parce que j’écris en fonction d’eux. Par exemple, Dirk Phillips est un batteur très différent de B.F. D’Ercole alors j’en tiens compte quand j’élabore les rythmiques. En matière de styles, si je devais résumer, Tragik est plus typé rock mélodique, Legion est plutôt metal melodique et D’Ercole donne dans le hard rock mélodique. Pour illustrer cela, il y a moins de claviers dans D’Ercole, mais par contre beaucoup plus de pistes de guitares. ». Voilà qui est plus clair tout en notant qu’un mot revient systématiquement, c’est « mélodique » et ce, fort logiquement puisque c’est effectivement le credo de toute la production musicale de Phil Vincent.

D'Ercole Hard Core band3
Mais pour revenir à Hard Core et après trois titres sur lesquels il a calmé le jeu, D’Ercole remet un sérieux coup d’accélérateur et ressort les dents (de la mer?) pour « Shark » et son super solo mâtiné de wah wah. En passant, ça serait trop réducteur de dire que j’ai choisi de chroniquer Hard Core pour son dernier titre mais je dois avouer que « The Only One » m’a bien scotché. Cette enclume mid tempo balancée à la fin de l’album, qui fait la part belle à un solo de guitare flamboyant, confirme clairement le caractère agressif du rock mélodique que D’Ercole propose comparativement aux autres productions de Phil Vincent. Je dois toutefois avouer qu’en cas de blind test pour attribuer au groupe adéquat de Phil chaque morceau qui serait proposé à l’auditeur et malgré les précisions de Phil ci-dessus, il serait difficile de faire un bon score.D'Ercole Hard Core band2
En définitive, avec Hard Core, D’Ercole met sur la table un opus nanti d’un sacré caractère qui lui permet de marquer de son sceau l’opulente production de son leader. Ah ! Et j’allais oublier. Phil m’a glissé dans l’oreille que le prochain Circular Logik est programmé pour sortir cet automne. Mais que fait l’inspection du travail pour canaliser ce forçat de la musique ? (Même si je pense que le cas de Neal Morse est bien plus problématique mais ça n’engage que votre serviteur bien sûr.)

www.philvincentbands.com
https://rockcompany.nl/artists/dercole/

 

 

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