Dälek – From Filthy Tongue Of Gods And Griots

From Filthy Tongue Of Gods And Griots
Dälek
2002
Ipepac Recordings

Dälek – From Filthy Tongue Of Gods And Griots

Je ne vais pas revenir sur ce qui a été dit au travers de nombreuses chroniques visibles sur le net concernant Dälek. Oui, le hip-hop a trouvé un nouveau visage, celui dont il n’aurait jamais dû se détourner au lieu de grossir les titres des journaux à scandales, des poitrines synthétiques et de la musique certifiée authentiquement merdeuse. Conspué par ces « tribus » musicales à qui aura la plus grosse du chantier (et là je vise tout le monde), Dälek prend à revers la populace. Ses références ? Il les prend autant dans la musique industrielle, le noise-rock que dans les fondamentaux du hip-hop. Le label ? Le groupe signe sur Ipepac, le label de Mike Patton. Et la musique me direz-vous ? Quand certains visent les couilles, Mc Dälek et beatmaker Oktopus, eux, visent la tête. Une balle de sniper en plein milieu du front, le reste du corps est foudroyé…

Le flow de Dälek n’a peut-être rien de tonitruant, d’unique ou s’approchant de la folie, mais il passe, imperturbable, sombre. Les mots sont alignés avec une insidieuse « délicatesse » dans cette volonté jusqu’au-boutiste, touchant maintes fois au spoken-world. Oktopus, lui, booste les basses, amasse les samples, trouve des constructions rock ou quasiment bruitistes (et dire qu’une collaboration était prévue entre ce dernier et Mick Garris de Scorn !). Une ambiance se pose, celle de la ville, sale, de l’industrie, rouillée et suintante, de la perte d’identité et de la déchéance culturelle. Oui, plus que tout, c’est la culture et le savoir qui sont bafouées. Le MC ne manque pas l’occasion de foutre le nez dans la boue aux pseudo-intellos du rap, à ceux qui n’utilisent que 10 % de leur lexique et se prennent pour des poètes, aux poètes dormant, les doigts de pieds en éventail sur leur risible suprématie en toc.

Allons… Ne perdons pas de temps. « From Filthy Tongue Of Gods And Griots » est varié, très varié, trop peut-être. Une énergie débordante qui transpire le beat sale, le tempo qui fait bouger les nuques, une atmosphère cynique, poisseuse ou plus orientale (« Trampled Brethren » nous emmenant dans un Iran libre et espérant). « Black Smoke Rises » s’appréciera (ou pas) en fonction de l’humeur (ou pas) dans cette décharge bruitiste où le flow devient mantra au milieu d’une décharge électronique effarante et fatigante. Et même si l’album ne s’enquillera pas d’une traite (et encore), il laisse le soin de finir sur cette bombe qu’est « Classical Homicide » au final rageur, jouissif et noisy, rappelant celui de « Brotherhood Of The Bomb » de Techno Animal. Dans le milieu underground, Dälek ne laisse pas de place aux suiveurs, ni au combat stérile. Il est ailleurs, loin, et il fore son trou…

Jérémy Urbain (8/10)

http://www.deadverse.com/

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