BJ Nilsen – The Short Night

The Short Night
BJ Nilsen
2007
Touch

The-Short-Night

BJ Nilsen (Benny Jonas Nilsen) est l’un des artistes « ambient » les plus intéressants venant des pays nordiques. C’est bien simple, avec Mika Vainio, Ilpo Vaïsanen, Biosphere (bien que son dernier album soit une honte !) ou encore Helge Sten (Deathprod, Supersilent), voilà ce qui se fait de mieux en musique électronique aussi bien éxigeante et complexe que cérébrale. Le parcours de Nilsen vaut le coup qu’on s’y attarde. Ayant forgé ses premières armes avec Morthound, valant uniquement comme référence historique, le Suédois affirme un style, déjà singulier, avec son projet Hazard où ce dernier traitait des grands espaces naturels (on pense aux albums « Land » ou « Wind ») et des mélodies. Un traitement qui lui amène à collaborer bien logiquement avec Chris Watson dans l’album « Storm » (sur lequel je reviendrai). Ce passage permettra à BJ Nilsen la prise en compte des captages environnementaux en tant que matière modelable et sensitive. « The Short Night » en est la meilleure illustration. En effet, le Suédois se sert de ses field recordings couplés à un traitement mélangeant analogique et digital pour créer une musique plus que personnelle. Une musique texturale, belle, froide et précise comme du crystal.

Imaginez ces échantillons de sons (oiseaux, vents, bruissements, cours d’eau, pluie) se posant délicatement, révélant leur beauté avant que des manipulations habiles transforment l’espace en des drones travaillés à l’extrême. Quand je parle de drone, je ne parle pas de murs abrasifs ou d’échappés bruitistes, mais plutôt de nappes granuleuses ou lisses, à la fois sombres et sereines. On se sent pris au milieu d’un vent glacial, regardant forêts et campagnes, mer et falaises avec une justesse de ton qui laisse pantois. Une sensibilité à fleur de peau, nous faisant parcourir des tableaux qui se révèlent inquiétants, mais d’où surnage une certaine mélancolie s’extirpant progressivement et atteignant par là des sommets d’intensité (« Finisterre », magnifique).

« Black Light ». Changement d’atmosphère avec une montée d’un drone d’une grande puissance (aidé aussi par la participation Hildur Gudnadottir tout en finesse, comme d’hab). En fait, non. Ce n’est pas un changement mais une évocation, sensible, qui sur le magnifique « Viking North », pièce cloturant  l’album, apparait comme une éclosion d’une beauté limpide, bluffante, dépassant l’émotion d’un Fennesz. Les mots se révèlent incapables à transposer le ressenti, le vécu d’une telle expérience. D’une tension intérieure brute, « The Short Night », c’est juste incontournable et, comme souvent, c’est sur le label Touch qu’on trouve des pépites pareilles. Alors arrêtez de lire et commandez cet album de suite 😉

Jérémy Urbain (9,5/10)

http://www.bjnilsen.com/

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