Behemoth – The Satanist

The Satanist
Behemoth
2014
Nuclear Blast

Behemoth The-Satanist

Pourquoi le cas Behemoth ? Déjà, ça fait longtemps qu’ils sont dans le circuit (et puis sur Clair & Obscur, je fais ce que je veux, non mais des fois !). En plus, comme évolution de groupe, ça pose ses couilles sur le front. Imaginez un combo polonais qui pointe en haut des ventes et dans un registre extrême qui plus est. Une évolution qui va du black du plus primaire, et pas franchement haut du panier, vers un death occulte qui, en plus, en brouille les frontières. C’est quoi le black ? Et c’est quoi le death me susurres-tu dans l’oreille, ami lecteur hors-champ ? Behemoth peut s’avérer une réponse assez tangible quand tu t’y penches. T’as le côté technique bien brutos qui file les miquettes aux profs de musique dans les collèges (le côté « death » donc), et ce versant ésotérique black, paillard, occulte mais bien anticlérical, prônant la liberté d’agir et de penser à l’encontre des dogmes religieux, publicitaires et politiques. Cette notion de liberté apparaît d’autant plus sur « The Satanist » quand on sait que le pilier et mentor du combo, Nergal, était dans un avenir plus qu’incertain dû à sa leucémie avancée. « It’s good to be alive !! » claironne ce dernier à chaque scène de chaque concert.

Certains râlent « Oh, ça va, ça va hein ? On a compris !« . Hé, vous savez VRAIMENT ce que c’est que d’apprendre un diagnostic peu reluisant, de vivre enfermé durant un mois, voire plus, pour une greffe de moelle dans un environnement aussi stérile qu’un bloc opératoire (sans compter les chimios préparatoires, la perte du goût, la bouffe en milieu hospitalier, la dépression, la solitude, le fait de ne toucher personne et de ne parler qu’à une distance protocolaire), sans savoir si vous êtes en rémission ou simplement condamné. Et voilà que je fais un cours de médecine dans Clair & Obscur. La poisse…

Behemoth

Aujourd’hui Nergal est sauf, il peut donc le crier, le chanter, le mimer, Il le peut, il a le droit, et « The Satanist » est son cri de victoire, sa rage de mettre un doigt que oui, je suis vivant et je vous emmerde. Cela se ressent autant que ça ? On ne peut pas dissocier la conception de cet album avec le passif du groupe (on demandait parmi les fans un donneur potentiel de moelle osseuse, ce qui n’est pas rien). En gros, sans Leucémie, pas de « The Satanist ».

Niveau violence, depuis les albums de Nile, difficile de subir mieux. Avec cette production mastodonte, ça percute le système digestif pour mieux englober l’ornement. Mieux, c’est une superproduction sur un sujet sur lequel pas un seul producteur n’oserait miser un kopeck. Stanley Kubrick sur la pédophilie avec Audrey Tautou, Christopher Nolan sur le cannibalisme en Nouvelle-Guinée avec Paméla Anderson, et enfin, Zack Snyder sur le mariage pour tous avec Christine Boutin dans le rôle de Belzebuth qui s’enfourne un buffet de coke. Vous imaginez le trip ?

C’est finalement proche d’Immolation qui te fait des batailles épiques avec des robots violeurs contre des elfes-nains psychopathes qui se sodomisent en buvant une Guiness, des effets de ralentis aux micro-pixels près, des panoramiques en plan séquence sur la clairière et le gîte de la Bête 3D relief sur les formes de l’héroïne (le nom a été effacé à la demande de l’actrice). Mais, c’est avant tout le cri d’un mec qui hurle le fait, tout simple, qu’il est en vie, qu’il a vaincu bien profond la fatalité (qui te dit quand tu dois mourir) tout en donnant un troupeau entier à grailler à ses fans.

Grâce à dieu, je suis athée, Nergal peut redevenir le casse-noix, celui qui massacre Madonna en top des ventes en Pologne et venir faire des shows monstrueux et théâtraux, toujours à la limite du ridicule de par chez nous (sans oublier les clips polissons et esthétiques) dans une attitude tellement triomphale que ça en devient énervant. Mais, si on doit retenir une chose, une seule, « The Satanist », c’est titanesque… Le cas Behemoth…

Jérémy Urbain (8/10)

http://behemoth.pl/

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