Arnito – Ir

Ir
Arnito
2014
Autoproduction

Arnito - Ir

« Ir » de Arnito est un album de guitare, jouée en solo ou en accompagnement et s’appuyant largement sur le répertoire flamenco (décliné ici dans différents cycles rythmiques, ou « compas » : buléria, solea, siguiriya, taranto et guajira). Mais l’instrumentiste se permet quelques digressions avec les rythmes balkans de « Armura Vechi », le tango de « Rêveries D’Automne », et une ligne mélodique plus proche d’un rock progressif que du flamenco dans la première partie de « Irse ». Arnaud Fillon-Robin, alias Arnito, affiche en permanence un doigté délicat, et son jeu versatile lui permet d’exprimer des émotions très variées.

Diverses impressions viennent à l’esprit à l’écoute des pièces qui constituent « Ir’. « Silueta En El Poso », avec ses notes fragiles et perlant prudemment (mais dont la coda montre des signes d’assurance), a tout d’une personne hésitante qui prend petit à petit confiance en elle. Dans « Au Gré Du Vent », le foisonnement rythmique et la guitare hypnotique, évoquent un tourbillon de souvenirs qui viennent à l’esprit sans qu’on puisse les relier entre eux. Puis vient « Un Souffle Sur L’Eau », dont les accents moyen-orientaux et le rythme de marche nonchalante, nous font voyager dans un désert où l’on observerait des bédouins se déplacer lentement à dos de chameau.

Le voyage continue avec « Armura Vechi », où une fanfare et des rythmiques endiablées nous conduisent tout droit aux Balkans où l’on assisterait à un mariage lors duquel les convives seraient invités à danser. Nous restons en Europe avec « Tile », dont les rythmiques galopantes et les notes ensoleillées nous promènent à cheval dans une arène andalouse. Toujours au coeur de l’Andalousie, la guitare cisaillante, les « palmas » (jeu des mains) et les « zapateados » (jeu des pieds) entraînants d' »Oro Y Ebano » nous font assister à une danse gitane. On change d’ambiance avec « Rêveries D’Automne », où des notes tour à tour doucereuses puis plus enjouées, nous font penser à un enfant que l’on bercerait mais qui s’agiterait avant que l’on ne réussisse à le faire dormir.

Le très confortant et relaxant « Chorro De Luz » est, quant à lui, une invitation à prendre l’apéritif un après-midi d’été. Plus étonnant, « Ir », où se croisent des notes à la fois haletantes puis plus réflexives, nous ferait presque penser à une toccata de Bach. Dans « Irse », enfin, les rythmiques aquatiques menaçantes et la guitare hypnotique implorante nous font tanguer sur une mer houleuse qui nous ramène cependant en terre flamenca lors de sa conclusion.

« Ir » est donc un bel album qui nous prouve que la guitare flamenco peut nous transporter dans différents environnements et nous procurer une palette très vaste d’émotions.

Lucas Biela (9/10)

http://www.arnito.net

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