Arjen Anthony Lucassen – Lost In The New Real

Lost In The New Real
Arjen Anthony Lucassen
2012
Inside Out

Arjen Anthony Lucassen – Lost In The New Real

Arjen Anthony Lucassen s’est spécialisé dans ce qu’on peut appeler le space opéra, sous le nom de Ayreon. Tous ses albums sont des concepts de science-fiction, alliant le métal, le progressif et des influences allant des Beatles à Let Zeppelin, de Black Sabbath à Deep Purple, de Yes à Jethro Tull, de Pink Floyd à Hawkwind. Tous les grands noms du prog et du métal se sont succédés au chant et aux instruments, citons Fish, Anneke Van Giersbergen, Bruce Dickinson, Devin Townsend, Russel Allen, James LaBrie, Damian Wilson, Clive Nolan, Ian Parry, Neal Morse, Phideaux Xavier, Daniel Gildenlow, Mikael Akerfeldt, Heather Findlay, Mike Baker et la liste est encore longue. Sans parler de ses projets annexes, Ambeon, Star One et Stream Of Passion ! C’est dire si l’homme est respecté par ses pairs !

Notre géant hollandais (il mesure 2 mètres !) assène des mélodies imparables avec un son unique, marque de fabrique qui se retrouve dans chaque album. Même si la répétition guettait, le concept, l’interprétation et le génie musical, il faut bien l’avouer, emportaient l’adhésion à chaque fois. Si par contre Arjen est le directeur musical de chaque note de ses albums, il n’en était pas de même question chant. En effet, il avait (et a toujours) une fâcheuse tendance à ne pas aimer sa voix. Quelle erreur ! A chaque fois qu’il apparait dans un morceau, le disque marque une respiration, s’ouvre vers des cieux plus aériens et pop. Il faut dire que sa voix est claire et douce, chaleureuse, toujours juste, beaucoup plus pop que métal. Sans doute est-ce la raison qui l’a poussé à se tourner vers des invités aussi prestigieux. Mais poussé par la demande des fans, Arjen a finalement décidé de sortir ce double album solo et d’assurer le chant sur tous les morceaux.

Musicalement, l’album est la somme de toutes les influences précitées, un résumé qualitatif de tout ce qui fait d’Arjen un pilier dans son domaine. Les hommages sont sincères et on sent la passion à chaque seconde. Arjen a bien travaillé son chant se faisant doux dans les titres parodies (« Pink Beatles And Purple Zeppelin », délicieux, « When I’m A Hundred Sixty-four », celtisant et virevoltant, mélange d’une guitare acoustique à la Jethro Tull et d’une chanson à la Neal Morse ou « Where Pigs Fly », aux paroles assez drôles) ou plus passionné dans les parties plus métal. Il révèle aussi un côté beaucoup plus pop comme dans « E-police », « Dr Slumber’s Eternity Home », dynamiques, sympathiques et entrainants ou même « The social Recluse » sur le deuxième CD, qui sonne comme du Coldplay du futur ! Enfin, le dernier morceau « Lost In The New Real » est le plus progressif du lot, une des pièces les plus réussies de l’ensemble de l’œuvre du maître, un condensé en 10 minutes de ce qui fait de Arjen Lucassen un artiste majeur de la scène métal et progressive, rien que ça ! En plus du chant, Arjen assure tous les instruments, sauf la batterie, tenue comme d’habitude par l’excellent Ed Warby. Virtuose, Arjen l’est assurément, certains solos de guitare sont fabuleux et les claviers omniprésents, assurent la cohérence de son univers spatial.

L’album est encore une fois un concept de science-fiction (chassez le naturel …) basé sur une idée commune à d’autres opus du maître : un homme se réveille et se retrouve projeté dans un monde inconnu où des révélations sur son histoire, sa condition ou son futur vont venir changer sa destinée. Arjen Lucassen aborde ici des sujets de société profonds : la distinction entre le réel et la réalité virtuelle, la folie potentielle de la science, la solitude des êtres humains, ou encore la manipulation. Il sait aussi être léger avec des thèmes comme la culture musicale, la vieillesse et même Big Brother ! Cerise sur le gâteau, il a confié la narration au génial Rutger Hauer, devenu une icône de la SF en incarnant le « méchant » répliquant Roy Batty dans « Blade Runner », acteur qui semble s’amuser comme un petit fou à l’entendre jouer le rôle du savant (fou peut-être …), le Dr Voigt-Kampff ! A chaque début de morceau, Rutger Hauer annonce la thématique de celui-ci d’une manière humoristique ou …inquiétante ! Une excellente idée d’avoir fait appel à cette star, idole personnelle d’Arjen !

Le deuxième CD est constitué de 5 morceaux inédits qu’Arjen n’a pas pu placer dans le concept, et de 5 reprises. Signalons « Our Imperfect Race » qui ouvre le disque et qui est un des meilleurs morceaux de celui-ci, avec une superbe introduction. Les reprises, quant à elles, traitent aussi d’une vision particulière du futur, notamment « Welcome To The Machine » du grand Pink Floyd, retravaillé à la sauce Lucassen, très étonnant et différent de l’original, ainsi que « Battle Of Evermore » de Led Zeppelin, intéressante relecture. Le reste est plus moyen mais jamais mauvais.

Au final, Arjen Lucassen a réussi son pari, en faisant un album somme, quitte à éloigner son public le plus axé métal, mais en (se) faisant plaisir à ses fans les plus fidèles. Alors, même si l’album a quelques baisses de régime de temps en temps, on ne peut que rester admiratif devant cet artiste complet, maître de son univers, et qui a su rester accessible auprès de ses fans. En témoigne ses réponses aux messages qu’on peut lui envoyer directement sur facebook, par exemple, ou bien ses commentaires que l’on peut savourer en regardant le clip de « Lost In The New Real », que je vous laisse déguster en appuyant sur play dans la vidéo ci-dessous ! Bon voyage !

Fred Natuzzi (7,5/10)

http://www.arjenlucassen.com/

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