Appalache – Seagate

Seagate
Appalache
BLWBCK
2016

Appalache - Seagate

Appalache est le singulier du nom d’une chaîne de montagnes qui s’étire du nord au sud de l’Est américain. C’est aussi le nom donné par Julien Magot à son très prolifique projet solo. S’il en a adopté le nom, il n’en a pas adopté la topographie, car de chaîne tu ne trouveras point dans cette production, cher lecteur.

Le Parisien au look d’Antoine, le célèbre chanteur « yéyé » des 60’s, passionné par les States, a les cheveux longs mais pas les idées courtes. Ce multi-instrumentiste aborde tous les styles qui lui passent par la tête sans se mettre de barrière, ni se poser de questions, même si le style général donne plutôt dans le rock psychédélique.

Appalache - Band

Seagate est déjà le dixième opus sorti en cinq ans (en tenant compte de plusieurs « live ») par l’anticonformiste Julien. Comme beaucoup de ses prédécesseurs, il est édité, entre autres, au format… cassette (vous savez, cette petite boîboîte en plastique avec une bande magnétique que l’on rembobinait avec un crayon quand elle se prenait dans les galets du lecteur), ce qui n’est pas banal. Pour s’y plonger, il faut franchir le Rubicon constitué par l’artwork de la jaquette du CD, par les clips complètement barrés et par les concepts développés dans la bio d’Appalache.

A-t-il été traumatisé par son enfance passée sur la péniche familiale ? Toujours est-il que s’afficher en ciré de pêcheur et conter sa quête visant à retrouver sa truite arc-en-ciel n’a rien de très vendeur, surtout que les clips censés nous amuser m’ont laissé de marbre. Je ne suis pas le dernier à apprécier l’humour décalé, anachronique ou délirant, mais je dois reconnaître que tout cela m’a rebuté au point de n’avoir finalement écouté Seagate que d’extrême justesse. Bien m’en a pris car, dès les deux premiers titres, j’ai été convaincu que musicalement ça tenait diablement la route (y compris en live). Bon, il faut quand même franchir ce second obstacle que constitue la voix de Julien, enfin, la façon horripilante dont elle est surchargée d’écho tout au long de la galette mais, au final, cela en vaut la peine.

Notre ami donne dans un éclectisme de fort bon aloi. Pour chaque titre, il joue le cuisinier autodidacte qui prépare son plat en y intégrant pêle-mêle tout un tas d’ingrédients provenant du rock, du blues, du post-rock, de l’electro, du pop-rock, etc., pour nous sortir à chaque fois un excellent plat à la saveur toujours différente. Nul doute que s’il retrouve sa truite, il saura se la cuisiner aussi bien que le ferait un Bocuse.

On trouve des éléments de stoner/blues dans le remarquable « Earth Barely Waits » qui ouvre le ban de Seagate, ou dans un « Mr Francis » mâtiné de pop-rock. Le propos se fait beaucoup plus dansant sur l’entraînant « Wondering » (et ses petits frères à la sauce electro que sont « Go For It » et « Space Remains »), ou plus mélancolique pour « Rainbow Trout » (sans doute parce que Julien se désespère de retrouver sa truite).
La fin de l’album comporte des titres plus faibles comme « Inner Flower » ou « Wish Walk Win », qu’un « Knock Out » ultime à la rythmique façon The Shadows et au final à l’orgue Hammond rachète amplement.

Ainsi donc, ce mec qui ne semble pas se prendre au sérieux et à l’humour discutable possède un réel talent de compositeur et de musicien hors pair capable d’élaborer un menu de restaurant 5 étoiles pour son dernier opus. S’il ne lui vaudra pas de figurer dans le Guide Michelin, il lui ouvre plus modestement les colonnes de Clair & Obscur, où il figure désormais en bonne place dans les découvertes que j’y relate.

Rudy Zotche

https://www.facebook.com/appalache/

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