Apairys – Vers La Lumière

Vers La Lumière
Apairys
Autoproduction
2019
Pascal Bouquillard

Apairys – Vers La Lumière

Apayris Vers La Lumière

Il était une fois trois propres sur eux, Benoit, Vincent et Pascal qui décidèrent de former un groupe pour chercher un nouveau sens à leur recherche musicale et une nouvelle stimulation à leur sens. Trois fois ils fêtèrent la sortie d’un nouvel album entre 1999 et 2004 à grand coup de Champomy (parce qu’ils ne buvaient pas et ne fumaient pas non plus comme de vrais propres sur eux qu’ils étaient). Trois petits tours et ils s’en sont allés vers de nouveaux horizons de propres sur eux. Il était donc une autre fois, Benoit Campedel, un des Saens donc (indécence ? détends-toi Benoit) qui s’est lancé dans une nouvelle aventure « progressante » qui comme son nom l’indique progresse dans le cadre bien délimité d’un style musical qui reste cher à quelques irréductibles gaulois disséminés un peu partout sur la planète. Si Apairys ne réinvente pas le fil à couper le prog, ils utilisent les ficelles préétablies avec beaucoup de talent et de sincérité.

Ce que j’aime : le gros son du Benoit (je n’aurais jamais imaginé avoir un jour autant de plaisir à réentendre ses fameux power chords survolés par ses guirlandes virtuoses). Les sons vintage de synthés de son partenaire, Sylvain Goillot, conjugués à la qualité mélodique de ses soli et son jeu de batterie propre et efficace (mazette, quel homme !), le mix de l’album (par le même « quel homme »), clair et chatoyant loin des errances parfois assourdissantes et confuses des albums de Saens. Apairys nous offre ce que j’appellerais la quintessence d’un prog rock facile d’accès sans être trop prévisible ni téléphoné, avec quelques belles fulgurances saupoudrées un peu partout au long de l’album intitulé Vers La Lumière. Ce que je n’aime pas : (ah tu l’attendais celle là hein ? Quand on commence par « ce que j’aime », y’a toujours un « ce que je n’aime pas » qui fout la merde, eh ben non, pas cette fois !) y’a rien que j’aime pas, allez circulez, y’a rien à voir. Ce que j’aime par dessus tout, c’est la nostalgie de retrouver Saens pointer le bout de son nez à travers les idées du Benoit que je suis bien sûr de pouvoir reconnaître sans hésitation tout au long de l’album. C’est plus fort que moi, ça m’attendrit de retrouver Benoit entre les notes, au fond des silences, au détour d’une modulation ou d’un changement d’ambiance.

Mais ressaisissons-nous et ne sombrons pas dans la sentimentalité guimauvienne d’un vieux progueux sur le retour, cet album a de la substance alors sustentons nous ! Vers la Lumière nous propose cinq titres dont « Vers La Lumière » en troisième position qui est un instrumental et qui est pour le moment mon morceau préféré (et peut-être celui d’Apairys également puisque c’est ce titre qu’ils ont choisi pour l’album). Je parlais de sons vintage, « Vers La Lumière » débute justement avec un son de piano électrique vintage – quel à-propos ! (Ce ne serait pas un Rhodes quand même ? J’ai presque un doute) accompagné par des arpèges cristallins de guitare bien sentis… et hop on tourne à gauche « for something completely different » (à moins que ma compréhension de l’album ne soit pas encore suffisante pour saisir la connexion). En tout cas, tout à coup, ça sent fort les pèches à l’unisson et les changements de mesures qui se soignent : un groove ternaire délicieux qui aurait subi récemment l’ablation d’une croche (sans douleur hein, sous anesthésie l’ablation) et ça glisse en 11/8 au pays des merveilles comme disait le grand Lewis Carroll. Et au fait, non ! Les jouissantes patates qui suivent ne changent pas de mesure, c’est toujours du 11/8 (vas-y compte si tu ne me crois pas !). Je ne vais pas te faire l’analyse intégrale de la pièce mais ce qui suit devrait chatouiller ton oreille harmonique et ton oreille mélodique à grand coup d’accords zarbis à l’ombre de modes exotiques. Enfin, c’est certain tu ne vas pas t’emmerder une seconde, c’est bien fait.

« Sur Le Bitume », c’est la chanson yéyé de l’album mais bon, tu as sans doute déjà entendu plus yéyé que ça et cela me permet un habile enchaînement vers le chant (moi, si j’étais le chanteur, ça serait le moment ou je commencerais à flipper a propos de ce que ce con de chroniqueur va bien pouvoir trouver à redire à propos de mon bel organe). Christophe Bellières nous offre à consommer un timbre clair et précis qui se balade entre Claude François et Jean-Jacques Goldman (deux artistes qui sentent bon les pépettes il me semble). Des notes franches et justes et un certain lyrisme se dégagent de ses envolées dans les aigües. Alors pourquoi l’ensemble me laisse un peu froid, surtout sur les deux premiers titres « Rituel » et « La Machine » ? Peut être est-ce à cause des textes qui sont un peu trop terre à terre à mon goût ou à cause de l’interprétation qui reste assez extérieure à la narration. Je sais cependant à quel point c’est difficile de chanter du prog en français et à quel point il est incontournable de s’y risquer quand on est français. Alors vraiment, I feel your pain ! Apairys nous invite au voyage vers la lumière alors n’oublie pas tes lunettes de soleil et enlève le persil de tes oreilles, ça vaut la peine.

Comment ça ? je n’ai pas parlé du jeu de basse de Benoit ! C’est normal, je suis jaloux.

http://apairys.fr

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