Änglagård – Prog På Svenska : Live In Japan

Prog På Svenska : Live In Japan
Änglagård
2014
Alvarsdotter

Änglagård – Prog På Svenska Live In Japan

Groupe culte du rock progressif scandinave des nineties, bâti à l’été 1991 par cinq suédois (deux guitaristes, un claviériste, un bassiste et un batteur) rejoints au printemps 1992 par une charmante flûtiste, Änglagård a, dès ses débuts, été une entité profondément authentique souhaitant renouer avec la musique incroyablement innovatrice des golden seventies. Enregistré, durant les quatre longs mois de l’été polaire 1992 dans un studio perdu au milieu des bois, le premier album enfanté par ces excellents musiciens a, d’emblée, déchainé un incroyable buzz international. C’est que « Hybris » sonnait comme les plus grandes œuvres enfantées par King Crimson, Genesis et consorts lors des années 1970 (mellotron, orgue, guitares frippiennes et basse ronde et chaleureuse à foison) mais avec une prise de son résolument moderne. Réédité deux fois depuis lors (en 2003 puis en 2009), ce galop d’essai discographique nous offrait quatre longues suites labyrinthiques truffées de cassures de rythmes et alternant, avec une rare dextérité, la chaud et le froid puis le calme et la tempête. Publié en 1994 et baptisé « Epilog », son successeur reprenait, avec force dextérité, les mêmes recettes et s’articulait autour de six pièces épiques évoquant fortement le roi cramoisi de l’époque « Red » (usage intensif du mellotron, alternance de paysages bucoliques – les somptueux dialogues guitares acoustiques/flûte – et de séquences habitées par une violence sourde et larvée, avec force crescendos mélodramatiques à l’appui).

Après un live mi figue mi raisin publié en 1996 par Musea (le contrasté « Buried Alive »), on croyait le combo mort et enterré jusqu’à ce qu’il effectue un retour aussi inattendu que tonitruant avec le magistral « Viljans Öga » en 2012. Les membres du groupe, malgré leurs trombines d’hommes des cavernes (la charmante Anna Holmgren exceptée), y mariaient brillamment davantage la flûte et le mellotron que les massues (humour). Au lendemain de la publication de ce tour de force, la formation a été rejointe par deux nouvelles recrues de grand talent : Erik Hammarström (batterie & percussion) et Linus Kåse (claviers & saxophone). Le nouveau line-up d’Änglagård, formé donc d’Erik, Linus, Anna Holmgren (flûte et saxophone), Tord Lindman (guitares et vocaux) et Johan Brand (basse) nous offre aujourd’hui un superbe double album live enregistré les 15, 16 et 17 mars 2013 au célèbre Club Citta au Japon, en première partie du Crimson ProjeKCt d’Adrian Belew.

Après une entrée en matière inédite et tonitruante devant un public discipliné mais tout acquis à sa cause (« Introvertus Fugu Part I » – faut il y voir le signe précurseur d’un prochain disque ?), le gang suédois fait parler la poudre et offre un brillant panorama synoptique de sa riche carrière (comme vous l’aurez compris, on parle ici en terme qualitatif et non pas quantitatif). On retrouve ainsi deux titres extraits de « Hybris » (« Jordrök » et « Kung Bore »), une pièce issue d’ »Epilog » (« Höstsejd ») et deux morceaux tirés de « Viljans Öga » (« Längtans Klocka » et « Sorgmantel »). Avec, en guise de cerise sur le gâteau, une version passionnante de « Sista Somrar », capturée de manière impromptue lors des répétitions de la dernière soirée.

Tout au long de ce set de haut vol, la prestation des musiciens tutoie la perfection et le choix des contrastes et des sonorités est admirable (écoutez donc la fantastique pulsation émotionnelle habitant « Höstsejd »). L’apport du saxophone est, à ce titre, essentiel dans la nouvelle palette sonore du combo : il l’entraine en effet parfois dans des territoires tour à tour jazzy et RIO (les dialogues dissonants sur « Introvertus Fugu Part I » ou la nouvelle mouture détonante de « Höstsejd »).

Saluons enfin l’exceptionnelle variété de l’instrumentation (piano, mellotron, orgue d’église, flûte, guitare acoustique, Gibson, multitude de percussions, etc…). Le grand mérite d’Änglagård est de nous offrir des versions live de ses pièces de bravoure profondément retravaillées par rapport à leurs alter-egos studio (« Längtans Klocka » ou encore « Kung Bore »).

Que dire de plus ? Cet album, magnifiquement produit par Alar Suurna (un ingénieur du son de grand talent, sans l’ombre d’un doute) est d’une beauté, d’une puissance et d’une densité à vous couper le souffle !

Bertrand Pourcheron (9/10)

http://anglagardrecords.com

 

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