Ange – Emile Jacotey Résurrection Live

Emile Jacotey Résurrection Live (1 DVD + 2 CD)
Ange
2015
Art Disto

Ange-Emile-Jacotey-résurrection-live

Afin de fêter dignement le quarantième anniversaire de leur album mythique Emile Jacotey, sorti en 1975, la troupe des Décamps (Père et fils) propose ce coffret offrant la captation en public (audio + vidéo) de la dernière convention « Ange – Un pied dans la marge », sise dans le fief même du Père, à Saint-Bresson, en Haute-Saône. Deux nuits ne furent pas de trop pour faire revivre la flamme de ces contes et légendes comtoises d’antan narrées par le célèbre maréchal-ferrant, qui serait âgé aujourd’hui de quelque cent vingt-cinq ans ! Et, dans l’esprit des imbibés d’Ange, le gaillard est encore vert ! A l’instar du Père Décamps, qui porte encore bien beau. Chapeau bas. Pas besoin de revenir sur ce (presque) chef-d’œuvre de la geste angélique dont même le grand Steven Wilson se réclame sur le film de présentation de ce concert d’anthologie. En effet, ce concept album du terroir avait cassé la fruitière à comté lors de sa sortie.

Et pour cause : ce rock progressif flamboyant (qui devait alors beaucoup au Genesis de « Foxtrot ») assumait un mélange unique en son genre : sur une musique d’inspiration anglo-saxonne, des titres ancrés dans les terres mystérieuses de Franche-Comté, le tout porté par la voix possédée de Christian Décamps, alors au sommet de son art vocal (écouter « Bêle, Bêle Petite Chèvre » ou « Ego Et Deus » pour s’en convaincre !). Même si la seconde face du disque pouvait paraître quelque peu bâclée au vu de la maîtrise d’ensemble des morceaux d’ouverture, « Emile Jacotey » représentait tout de même une sorte d’apogée pour les troubadours de Belfort. Pris naturellement entre les deux sommets que sont « Au-delà Du Délire » et « Guet-Apens ».

L’année passée, Ange s’est risqué au remake de son propre album en proposant « Emile Jacotey Résurrection », une réorchestration de l’album originel augmentée de compositions inédites qui complétèrent le tout avec naturel et cohérence. Outre le son énorme et le jeu des musiciens, beaucoup plus fin que sur les prises d’époque, il faut relever l’incroyable beauté des arrangements nouvellement créés, à l’instar de la fin de « Jour Après Jour » (qu’on croirait extraite du « Brave » de Marillion), du fantastique solo de clôture du « Nain De Stanislas » et, surtout, du final instrumental (que n’auraient pas renié les Ecossais de Mogwai) du « Marchand de planètes ».

Avec un tel disque à défendre, on pouvait imaginer que les prestations scéniques du nouvel Ange se devaient d’être dantesques. Et elles le furent. Ce concert, même filmé avec des moyens modestes, prouve le niveau d’excellence des musiciens actuels de la formation qui, à l’exception du batteur Benoît Cazzulini, accompagnent le Père en scène depuis 1997 ! Tout est incroyablement mis en place et la setlist ferait saliver le fan le moins endurci : l’intégralité de l’album « Emile Jacotey Résurrection » suivi de quelques classiques du répertoire actuel.

Finalement, les titres à l’impact le moins fort restent les moins connus (et pour cause !), c’est-à-dire ceux apparus sur la version 2014 de l’Emile. Et oui, les classiques restent les classiques ! Relevons, d’ailleurs, la sublime réappropriation du mythique titre « Fils De Lumière » par le fils, Tristan Décamps, qui nous prouve une fois encore quel monstrueux chanteur il est. Cette prestation apparaît comme encore plus impressionnante que ses désormais célèbres interprétations du « Bal Des Laze » de Michel Polnareff ou « Crever d’amour » de l’album « Fou ! » paru en 1984.

On ne peut conclure ce compte rendu sans louer la vertigineuse virtuosité du guitariste Hassan Hajdi, qui sait sans cesse rester au service de la mélodie, sachant quitter les chemins balisés par celle-ci pour y mieux retourner quand le choc chez l’auditeur a éclos. Il pourrait se prendre pour Steve Vai ou Tosin Abasi (Animal As Leaders) mais il préfère se concentrer sur la chanson, qui bénéficie largement de l’apport de ce guitariste d’exception, probablement le meilleur en France.

Ca joue drôlement bien, ça rit, ça envoie du lourd et ça fait naître les larmes aux sourires des fous. Fous d’oser écouter cette musique si pleine en cette époque de vide musical intersidéral. Longue vie à l’Emile, longue vie à Ange.

Christophe Gigon (8/10)

http://www.ange-updlm.com/

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2 commentaires

  • Très bonne chronique Christophe,j’aime beaucoup aussi ce live
    d’Ange aussi bien le cd que le dvd, ils dont redonné vie à cet album mythique. Ca fait vachement de bien!!! Daniel

  • matagne

    Oui Ange est magique sur scène,dommage que les instances médiatiques les ignorent.J’écoute tous les jours et ça change des pseudos stars entendus dans les médias

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