Alter Bridge – Pawns And Kings

Pawns And Kings
Alter Bridge
Napalm Records
2022
Rudzik

Alter Bridge – Pawns And Kings

AlterBridge-Pawns And Kings

Formé par le guitariste Mark Tremonti sur les cendres longtemps restées chaudes de Creed, (ce dernier ayant même été ressuscité à partir de 2012), Alter Bridge a vu le jour en 2004 sous la forme d’une locomotive bicéphale emmenée également par le vocaliste/guitariste Myles Kennedy. Brian Marshall à la basse et Scott Phillips aux fûts complètent le combo.
Pawns And Kings est le septième opus d’une discographie aux sonorités heavy de plus en plus affirmées. Il est une allégorie de la carrière du groupe amenant, contre toute attente (et surtout par manque de soutien de leur label des débuts) « les pions à devenir rois ». En effet, Alter Bridge est devenu une valeur sûre dans ce créneau musical heavy surchargé et dépassé de toute part par sa progéniture métallique extrême. Rien à voir avec le disco donc, si ce n’est que l’on pourrait qualifier la musique des quatre natifs d’Orlando (une des cités américaine les plus superficielles) de boule à facettes heavy metal tant elle en explore tous les recoins et bien au-delà. C’est pourquoi Blackbird, son second album, a été porté aux nues par les médias et la fan base du groupe en 2007.

Alter Bridge - Pawns And Kings band2
Depuis, la qualité de la production d’Alter Bridge ne s’est jamais démentie. Malgré les classiques tourbillons que peut subir un groupe pendant une carrière qui frôle les vingt ans, le quatuor d’origine est resté intact, ce qui mérite d’être remarqué. Sa musique également puisqu’il faut bien avouer que Pawns And Kings demeure bien calé dans la roue de la discographie antérieure du groupe, en particulier du solide et dynamique Fortress (2013) dont la formule a été modernisée et revisitée sous l’impulsion de leur producteur de toujours, Michael « Elvis » Baskette. Ainsi, les riffs sont encore plus consistants et il est paradoxal d’apprendre que les plus lourdingues ont été amenés par Myles Kennedy alors que traditionnellement, la fibre la plus heavy du groupe a toujours été l’apanage de Mark Tremonti. Cette volonté d’alourdir le ton se concrétise par un nombre élevé de mid-tempi parmi les dix plages de l’album. Au-delà d’accords de gratte très rugueux, la basse de Brian Marshall vrombit comme un B52 alors que Scott Phillips semble avoir fait un stage de bucheron dans une forêt canadienne. Tout cela est dominé par le fabuleux chant de Myles Kennedy qui confine régulièrement au grand et regretté Dio comme pour l’appel aux armes de l’introductif « This Is War » aux chœurs gothiques. Des riffs rapeux et gras, mais qui savent se montrer plus nerveux (« Dead Among The Living ») voire épileptiques sur la rythmique mid du single « Silver Tongue », un morceau qui déboulonne les beaux parleurs charismatiques, séducteurs, vendeurs de vent et manipulateurs de fake news.
Avec trois titres culminant à plus de six minutes, Alter Bridge a compris qu’une dose de progressif était indispensable pour éviter la monotonie d’un heavy trop linéaire. C’est ainsi qu’on déguste avec délices un « Sin After Sin » à l’intro sourde de batterie alternant une rythmique « brontosaurienne » avec des couplets plus intimistes. C’est « Fable Of The Silent Son » qui s’enfonce le plus en territoire prog. Cette jolie ballade acoustique se renforce en s’électrisant sous l’influence d’un riff simplissime et très sec, subissant une nouvelle transformation générant une fulgurante accélération, le prétexte à un solo ahurissant. Il fallait bien plus de huit minutes pour que Myles Kennedy nous donne sa vision de « l’apprentissage des leçons par rapport aux choses que l’on a faites, de l’honnêteté au sujet des erreurs passées » pour passer le message « Ne faites pas ces erreurs afin que personne n’ait à supporter la même douleur ». Après une intro acoustique, l’ultime épique et très pesant « Pawns And Kings » propose de surprenantes accélérations sur une partie des couplets pour conter une histoire à la David contre Goliath. À un degré moindre, on notera cependant la rythmique de guitare séquentielle très originale de « Last Man Standing » avec son solo de guitare torturé et son chant alarmant quant à la course sans limites vers la productivité.

Alter Bridge - Pawns And Kings band1
La facette plus pop d’Alter Bridge s’exprime sur « Stay », le seul titre ou Mark Tremonti se met dans la peau du lead vocal. Malheureusement, son chant est inexplicablement sous-mixé et s’apparente aux performances de Joe Perry, le guitariste d’Aerosmith pour qui c’était très dur de se faire une place au soleil au milieu de chansons chantée par l’éclatant Steven Tyler sur leurs albums. Ainsi, cette chansonnette pop rock metal peine à convaincre. C’est tout le contraire pour « Holiday », un court titre très punchy et au refrain très accrocheur, ainsi que pour le très réussi « Season Of Promise » au parfum de Bon Jovi.
Pawns And Kings est l’aboutissement de presque deux décennies de collaboration entre quatre musiciens et un producteur assez intelligents pour n’avoir jamais lâché l’affaire lorsque le pont d’Alter Bridge (celui de la pochette de l’album ?) menaçait d’être emporté par les vicissitudes et les affres d’une longue vie créative commune. Ce pont semble également figurer le solide lien unissant le groupe à sa fan base qui devrait être conquise par ces dix morceaux illustrant en quelque sorte le changement dans la continuité voulu par le groupe.

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