Al Stewart – Year Of The Cat

Year Of The Cat
Al Stewart
EMI
1976
Thierry Folcher

Al Stewart – Year Of The Cat

Al Stewart The Year Of The Cat

Year Of The Cat d’Al Stewart, fait partie de ces albums incontournables des années 70 qui ont eu la chance d’être portés par une chanson d’anthologie portant le même nom. Un peu comme Hôtel California des Eagles, Imagine de John Lennon ou Highway To Hell d’AC/DC. Le titre de l’album trouve son origine dans le calendrier astrologique vietnamien qui en 1975/76 célébrait l’année du chat. La légende dit qu’Al Stewart ne connaissait rien en astrologie orientale et que c’est seulement en découvrant par hasard « Year Of The Cat » inscrit sur un livre ouvert, qu’il se mit à penser au film Casablanca et à son duo torride Bogart/Bergman. Ne cherchez pas le rapport, il n’y en a pas. Par contre, l’histoire racontée dans la chanson fait bien référence à une rencontre amoureuse dans un possible pays d’Afrique du nord. Et quelle rencontre ! C’est vraiment du charnel, de l’érotique avec une petite dramaturgie sur le sens de la vie et ses bouleversements inattendus. Je ne peux m’empêcher de faire encore un fois le parallèle avec « Hôtel California » et son histoire digne de Shining. Pour ceux qui seraient passés à côté des paroles de la chanson (et c’est bien dommage), il faut savoir que cet homme fatigué à la recherche d’un hôtel sur une route désertique, va ouvrir la porte d’une inquiétante demeure qu’il ne pourra jamais plus quitter. C’est un peu ce qui arrive à notre amoureux transis qui au matin, se retrouve coincé au beau milieu de nulle part avec seulement quelques souvenirs brûlants et sans espoir de retour. « Hôtel California » se termine par : « …but you can never leave » et « Year Of The Cat » par : « …but for now you’re going to stay in the year of the cat ». Une chose est sûre, c’est que les deux types en question ne sont pas sortis d’affaire. Deux histoires construites comme de véritables scénarios de cinéma où le réel, l’imaginaire et le rêve s’entrechoquent et qui vont être magnifiées, toutes les deux, par une musique exceptionnelle.

L’autre grande prouesse de l’album, c’est la production hyper léchée d’Alan Parsons. Ce magicien des manettes est en plein boum et s’apprête à lancer l’éclatant Tales Of Mystery And Imagination, premier volet du glorieux The Alan Parsons Project. Sur certains titres de YOTC on entend même des gimmicks qui feront sa réputation. Les fameuses castagnettes de « Don’t Answer Me » par exemple, étaient déjà présentes sur « On The Border » l’autre grand titre de YOTC. On peut dire qu’Alan Parsons a largement contribué au succès de l’album et que sans lui, la qualité des compositions et de l’interprétation n’auraient peut-être pas suffi. En 1976, Al Stewart n’est pas un nouveau venu. Sa carrière, commencée en 1967, a déjà produit six albums au doux parfum de folk-rock britannique, très en vogue à l’époque. Mais les succès d’estime rencontrés jusque-là ne seront rien en comparaison à YOTC et son retentissement planétaire. Al Stewart venait de s’installer dans une toute autre catégorie et ses futures productions allaient être scrutées de très prés. L’album suivant, l’excellent Time Passages (1978) enregistré avec quasiment la même équipe, deviendrait ainsi son plus gros succès commercial. Dès lors, notre gars de Glasgow ne s’est quasiment jamais arrêté, empilant joyeusement sorties studio et prestations scéniques. Aujourd’hui il est encore considéré comme une icône du folk britannique et une véritable légende vivante de la musique. Mais revenons à l’album qui nous intéresse et à son titre pharaonique. Pour YOTC, Al Stewart et Alan Parsons ont pu réunir Tim Renwick et Peter White à la guitare, Peter Wood aux claviers, Stuart Elliot aux percussions ou encore Phil Kenzie au sax pour ne citer que les plus connus. Une belle bande de mercenaires très présents dans ces années-là sur de nombreuses publications discographiques. C’est aux studios Abbey Road de Londres que les neuf titres vont être enregistrés et même s’il se dégage une certaine homogénéité, il faut bien reconnaître que « On The Border » et « Year Of The Cat » sont nettement au-dessus de la mêlée.

Al Stewart The Year Of The Cat Band 1

Un petit tour d’horizon s’impose quand-même, ne serait-ce que pour retenir le beau travail à l’orgue, façon école de Canterbury de « Midas Shadow », le fougueux arrangement de cordes sur le récit historique de « Lord Grenville », le bel hommage de « Flying Sorcery » à l’aviatrice britannique Amy Johnson, la jolie mélodie chaloupée de « Broadway Hotel » et son violon virevoltant (Bobby Bruce), ou encore le très aérien « One Stage Before » et son message désabusé sur la monotonie de la vie sur la route. Pour sa part, « On The Border » va rencontrer lui aussi un joli succès et sera même cité par certains fans comme la pièce maîtresse de l’album. « On The Border » dénonce ouvertement les oppressions vécues à l’époque au Pays Basque et en Rhodésie et même si la description des événements est plutôt métaphorique, sa portée contestataire ne fait aucun doute. Musicalement cela se traduit par une ambiance plus tendue et la présence d’une guitare flamenco (Peter White) porteuse d’un souffle révolutionnaire. Alors oui, si l’on s’en tient au contenu dramatique, « On The Border » fait figure de leader incontestable, mais question musique, « Year Of The Cat » plane largement au-dessus. Ce titre termine l’album en forme d’apothéose et déploie une limpide construction, parfaite de bout en bout. Cela démarre par une longue intro au piano avant que la jolie voix d’Al Stewart commence à nous conter cette surprenante histoire. Il faut reconnaître que cette succession d’accords tout simples est purement diabolique et que la mélodie jouée en solo fait partie des plus belles choses jamais entendues. La production d’Alan Parsons est splendide, tout se détache harmonieusement et chaque intervention sonne comme une évidence. Lorsque vers la fin, le sax de Phil Kenzie vient s’installer dans un tourbillon de cordes, on atteint une dimension qui envoie directement la chanson au rayon des œuvres intemporelles.

Al Stewart The Year Of The Cat Band 2

C’est sûr, pour certains cette musique sonne comme un témoignage du passé qui aura beaucoup de mal aujourd’hui à renouveler son auditoire. Qu’importe, Year Of The Cat est un jalon indispensable à la culture pop de tous les temps et fait figure de réussite exemplaire. Lorsqu’on peut réunir des compositions de qualité, des musiciens de talent et un producteur inventif, la partie est quasiment gagnée. Mais à l’arrivée, ce qui fait la différence c’est l’inexplicable côté magique d’une chanson qui ne ressemble à aucune autre. « Year Of The Cat » en est une et illuminera encore longtemps le paysage sonore de beaucoup de fans.

https://alstewart.com/

 

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