Zoviet France – Digilogue
Zoviet France
Soleilmoon Recordings
Des parasites. Oui, c’est ça. Ce sont les craquements surimpressés en fines couches d’un vinyle qu’on perçoit au premier abord, avant que la machine se mette en branle. Ce petit quelque chose n’est peut-être rien, un crottillon de mouche, mais avec le temps, je me dis que cela résume assez bien la vie de cet album. L’attente de ce qui va (ou pas) venir, changer, vivre… « Digilogue » n’est pas un album d’ambient music comme les autres. Ici on plonge au coeur de l’électronique, celle qu’on lance et qu’on regarde grandir. Celle qui bouge seule, imperceptiblement. Celle qui entre au creux de l’oreille, titille vos nerfs auditifs avant de disparaître comme une fumée translucide, et qui s’égare… « Digilogue » n’utilise pas les mots, il n’en a pas besoin. Il est ce son répétitif, créant ses propres échos, ses propres modulations, ses propres dérapages. Il s’attache, le temps d’un fragment, laisse sa chance à toutes les sonorités possibles, digitales, vocales ou pulsatives. « Digilogue » navigue, seul. Il se moque des critiques mais concentre l’attention de celui qui l’écoute. Les battements et autres tintements, ces boucles vont, viennent et reviennent. De nouveaux rythmes se font, évidents, clairs, hypnotiques même. On se plait à baisser la tête sur le côté, fixant un point, fissure humide du mur. Cette musique n’a pas besoin de nous, elle ne demande qu’un regard, une acceptation de nos sens et ses secrets se délivreront particules par particules, écoute au casque ou à la spatialisation parfaite. Jamais trop vite, jamais trop lent non plus. Un univers en soi, dématérialisé, un contrat avec l’auditeur, avec soi. Un voyage… diffus, inquiétant, abstrait, ouvert. Une véritable expérience…
Jérémy Urbain (9/10)