Tim Bowness – Stupid Things That Mean The World
Tim Bowness
Inside Out
Le chanteur charmeur chuchoteur de No-Man, Tim Bowness, revient déjà avec un nouvel album solo, qui s’inscrit comme la suite logique de « Abandoned Dancehall Dreams » paru l’année dernière. A nouveau édité par Inside Out, le label progressif allemand, la musique de Bowness est pourtant loin de ce courant, tout en atmosphères, en balades introspectives, mélancoliques et planantes. Quelques éclats de guitares ne sont pas absents pour autant, et sont d’autant plus appréciés, ainsi que quelques sons de claviers bienvenus. Effectivement, « Stupid Things That Mean The World » ne s’éloigne pas vraiment des sentiers déjà battus par Bowness, mais pour les amateurs, qui s’en plaindra ? Les autres pourront bien sûr allez voir ailleurs, ce n’est pas avec cet opus qu’ils pourront changer d’avis… Seule modification notable, et pas des moindres, l’absence de … devinez qui ? Steven Wilson ! Cette fois, il a laissé la main à Bruce Soord, de Pineapple Thief, qui a mixé l’album et ajouté des parties de guitare. Nous retrouvons ici le line up live de No-Man : Stephen Bennett, Michael Bearpark, Andrew Booker, et en invités, toujours des pointures : Colin Edwin (Porcupine Tree), Peter Hammill, Phil Manzanera (Roxy music), Pat Mastelotto (King Crimson), Anna Phoebe, David Rhodes (Peter Gabriel) et Rhys Marsh.
Se plonger dans une œuvre signée Bowness, c’est se laisser aller dans des contemplations, se laisser dériver au fil de musiques éthérées ou rêveuses, s’évader dans un univers mélancolique, une sorte de tristesse apaisante. Pourtant, ce n’est le cas avec l’ouverture puissante « The Great Electric Teenage Dream ». Avec sa rythmique implacable et sa guitare omniprésente et rageuse, ce morceau en crescendo impressionne et donne à entendre une facette peu jouée par Bowness. Il gagnerait à développer des atmosphères telle que celles-ci, tant le titre est réussi. « Sing To Me », par contre, est du Bowness pur jus. Enfin … du No-Man ! C’est une démo renvoyée par Steven Wilson qui a été créée aux débuts du groupe mais jamais finalisée et oubliée par son auteur. Bowness l’a retravaillée et cela donne un titre magnifique, au son typique, dont on ne peut que se réjouir.
« Where You’ve Always Been » avec sa guitare acoustique organique et son orchestration multiple, atteint également un sommet. A la fois minimaliste et complexe, l’intimité qui s’en dégage est contradictoire et c’est un régal. Le tempo plus rapide de « Stupid Things That Mean The World » donne un aspect pop à un titre dont la mélodie n’est pas géniale. Pourtant, les arrangements sont beaux et fluides. A moitié réussi donc. Par contre, les presque 7 minutes de « Know That You Were Loved » sont excellentes, balade No-Mannienne et planante comme une folk countrisante. Un sommet.
« Press Reset » change de ton et devient plus expérimental avant d’exploser dans sa dernière partie. Aventureux et peu commun pour Bownesss. « All The Escapes » malheureusement ne retient pas l’attention, peut-être trop linéaire. La mélodie de « Everything You’re Not » rappelle beaucoup son complice Steven Wilson, tandis que Bowness se défoule sur un titre instrumental « Everything But You », à l’intérêt très moyen sur un tout petit peu plus d’une minute. « Soft William » dure également moins de deux minutes, et reste gentillet. Dommage.
Enfin, « At The End Of The Holiday » ferme l’album avec un titre très cinématographique, agréable mais qu’on aurait aimer entendre se développer sur la longueur. En effet, un orchestre intervient sur la très belle intro et en fond sur toute la chanson, et un intermède aux claviers façon Procol Harum apporte une belle touche prog. L’atmosphère générale, très No-Man, aurait gagner à prendre plus de temps, car c’est de toute beauté.
Tim Bowness n’aura pas attendu longtemps avant de proposer un successeur au réussi « Abandoned Dancehall Dreams ». Ces « Stupid Things That Mean The World » s’inscrivent dans la lignée du rock atmosphérique chéri par son auteur, et c’est avec délectation que l’on se plonge dans cet univers familier. Malgré quelques faiblesses sur la fin de l’opus, Tim Bowness reste un musicien à part, qui n’invite pas à la fête, certes, mais qui a le mérite de proposer quelque chose qui lui appartient et qui fascine. La marque d’un artiste majeur et qui compte.
Fred Natuzzi (8/10)
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