The Crimson Projekct – Live In Tokyo

Live In Tokyo
The Crimson Projekct
2014
Inside Out

The Crimson Projekct – Live In Tokyo

Cela fait parfois un drôle d’effet quand on réalise qu’on peut se retrouver à chroniquer les albums de géants que l’on a vraiment idolâtrés, comme c’est le cas aujourd’hui avec cette mouture de King Crimson. Que nous apporte donc ce Crimson Projekct avec « Live In Tokyo » ? La preuve que cette formation à géométrie variable, emmenée par Adrian Belew (Robert Fripp ayant déclaré, il y a plusieurs années de cela, ne plus vouloir reformer son fils musical) et qui était considérée par les fans comme la version officieuse de KC, s’est faite baiser la gueule en beauté par son guitariste originel. Fripp est en effet sorti de sa retraite en septembre dernier pour reformer le roi cramoisi…. mais sans Belew ! Le chanteur/guitariste américain ne s’est toutefois pas laissé abattre et nous sert aujourd’hui sur un plateau un très bon live capturé sur le vif au club Citta de Tokyo. Enregistré sous la formule du double trio (Tony Levin et Julie Slick à la basse, Pat Mastelotto et Tobias Ralph à la batterie, Markus Reuter à la guitare), cet opus revisite la discographie de Crimson de 1981 à 1995, avec un détour jouissif du côté du sublime morceau « Red » ! Et on est en droit de se demander, à son écoute, si Adrian Belew n’est pas devenu, au fil des ans, le vrai gardien du temple, celui qui lui donne impulsion et vitalité au Crimso.

Débutant son set par des chansons plutôt harmonieuses, aux lignes vocales accrocheuses (citons « Frame By Frame » ou « Sleepless », sur lequel la basse slappée de Levin fait des merveilles), le Crimson Projekct fait par la suite preuve d’intensité dramatique en mariant parfaitement la mélancolie furieuse de « Red » et les motifs ethniques de « Beat ». Citons, à titre d’exemple, le formidable enchaînement « B’Boom » et « Thrak ». Plus généralement, la grande force de ce live vient de sa production parfaite, de ce son puissant, clair et profond, de cet équilibre entre rondeur des arpèges de guitare et saturation des riffs. Tout (ou presque) y est massif, oppressant pour ne pas dire apocalyptique, mais sans jamais être hermétique.

Les mélodies atonales à la beauté irréelle du combo donnent même une idée de ce à quoi la musique d’Olivier Messiaen aurait ressemblé si ce dernier avait gouté aux sonorités du rock ! Voici donc la preuve que The Crimson Projekct peut encore avancer et nous épater durant de très longues années. Et c’est tant mieux !

Bertrand Pourcheron (8/10)

http://www.thecrimsonprojekct.com/

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.