Roo Panes – Of All The Lovely Things That Be
Auto Production
2025
Lucas Biela
Roo Panes – Of All The Lovely Things That Be
Roo Panes aime les ambiances intimistes. Il nous le prouve à nouveau avec son EP 4 titres, Of All The lovely Things That Be. Le collaborateur du couturier Burberry s’y met à nu pour livrer une Americana lacrymale, loin des paillettes du monde de la mode. Sous le vernis mélancolique qui recouvre les quatre compositions brillent néanmoins des mélodies de toute beauté. De sa voix certes peu euphorique mais attachante, notre fils d’Albion parvient à nous méduser. Rassurez-vous, on ne sort pas pétrifié de cette expérience, mais ces petites saynètes délicieuses résonneront longtemps dans vos oreilles, sans pour autant vous créer des acouphènes. Ce qui est répété en boucle en revanche, ce sont les quelques notes jouées délicatement à la guitare. L’accompagnement est en effet minimaliste, les notes de musique ne devant pas faire d’ombre aux voix. Eh oui, ces dernières sont en effet multiples. D’une part c’est le chant principal si tendre qui met notre ouïe dans tous ses états. Ensuite, dans des tons aigus, les chœurs du mannequin prolongent le bouleversement, tout en nous plongeant dans des ambiances reposantes. Sur « Of All The Lovely Things That Be », c’est même un appel poignant qui est lancé à travers ces vocalises d’une beauté à rendre jaloux l’ancien leader de Genesis (je parle du Peter Gabriel que l’on entend sur le « Fallen Angel » de Robbie Robertson). La comparaison avec ce dernier morceau est d’autant plus pertinente que l’on retrouve des percussions et des souffles « chamaniques », nous rapprochant des protagonistes du clip illustrant la pièce du regretté ex-membre de The Band. Toujours sur ce morceau, la guitare se saisit de l’occasion pour se vanter de sa belle mélodie, sans toutefois aller jusqu’au shredding, restons sérieux, voyons !
Cependant, « Those Ancient Roads » propose une formule un peu plus nerveuse, avec son phrasé plus élancé à la guitare et le rythme tapé discrètement à la grosse caisse. C’est également une voix plus joviale que l’on y retrouve, variant dans les tons à la manière des montagnes russes. Les « mmm » graves et les « ou » aigus font monter l’émotion dans ce beau moment de sérénité. En revanche, pris en sandwich entre des « lalala » qui ne sont pas du meilleur effet (désolé, je suis allergique aux « lalala »), « Feel It True » (imagine que c’est vrai) se transformerait presque en « Feel It Great » (imagine que c’est super). En effet, c’est avec bonheur que la voix allègre de l’invitée s’accorde avec celle de Roo. Faut-il y voir une goutte d’espoir dans cet océan de désolation ? Là, je suis mauvaise langue, car notre Britannique donne également à entendre des appels d’espoir à travers son magnifique falsetto. Et c’est également dans le morceau d’ouverture « The Sun Shines On Its Own » que l’optimisme pointe le bout de son nez, aussi bien dans l’insistance du chanteur / compositeur sur certains mots que dans la transition avec le refrain. Il est en effet difficile de retenir ses larmes à l’arrivée de ces vocalises si touchantes.
Ainsi, avec Of All The lovely Things That Be, Roo Panes prouve qu’il est capable de produire de l’Americana de qualité. La fragilité inhérente à sa voix sied bien à l’univers mélancolique qu’il cherche à partager, et nous touche par son authenticité. Il est à saluer que Burberry donne de la visibilité à un artiste aussi sincère dans sa démarche. Espérons que cette exposition médiatique donnera des ailes à d’autres artistes aussi ambitieux que Roo Panes. En attendant, je vous conseille vivement cette dernière production de notre Anglais épris de musique folk.