Psychanoia – The Shadow In Me
Psychanoia
Requiem Productions
Psychanoia est un groupe rock qui nous vient de Saône-Et-Loire et qui compte aujourd’hui dans ses rangs quatre musiciens particulièrement influencés par la nouvelle vague prog-metal. La formation n’est pas toute neuve, puisqu’elle compte déjà deux albums à son actif : un premier concept éponyme entièrement instrumental paru en 2004 (soit 2 ans après le lancement du combo), et un second album fin 2008, baptisé « Nemesis », plus mélodique et direct, réalisé avec un line-up remanié où disparaissent les claviers et s’invite le chant. Ces deux ouvrages, malheureusement distribués de manière confidentielle, n’aident pas le groupe à décoller, pas plus que ses multiples changements internes. En effet, le chanteur fraichement recruté quitte le navire juste après l’enregistrement de « Nemesis », faisant avorter la promotion de Psychanoia via l’exercice de la scène et la rencontre avec le public. Il faudra attendre encore deux ans pour que le groupe persévérant rencontre la providence en la personne d’Ivan Jaquin, claviériste-chanteur avec lequel il prépare actuellement un troisième album.
En attendant, Psychanoia édite un EP 3 titres, dans le but de l’aider à se faire connaitre (et reconnaître) dans sa configuration actuelle via les médias spécialisés et les tourneurs. Les paroles (en anglais) des morceaux du CD sont signées Ivan Jacquin, alors que la musique est composée collectivement avec ses trois compagnons, à savoir Olivier Gaudet à la guitare, Jean-Philippe Ciman à la basse et Thierry Charlet à la batterie. Le premier titre éponyme est une composition bien carrée à la rythmique volontairement lourde, appuyée par un gros riff de guitare en acier trempé et un refrain qui accroche immédiatement l’oreille. « Thin Road To Nowhere » s’inscrit dans une veine un peu plus progressive et atmosphérique, en déployant davantage d’ambiances et d’influences bien digérées (on pense souvent à Anathema, Gazpacho ou Marillion), avec une intensité qui va crescendo.
Enfin, « The Letter » sonne un peu comme le croisement du Pallas de l’époque Alan Reed (pour le style du chant, voire le timbre de voix) et de Dream Theater, avec des parties de claviers qui rappellent un peu l’excellent « These Wall » sur l’album « Octavarium ». Les trois morceaux sont globalement produits avec soin, les compositions ne manquent pas de cohérence, les instrumentistes maitrisent leur sujet, mais il manque quand même encore un petit quelque-chose pour que la magie opère complètement. Si le groupe a le mérite de ne plagier personne à aucun moment, il ne démontre pas encore une personnalité assez marquante pour faire la différence.
Autre point négatif, un chant parfois un peu « poussif » et qui ne titille pas encore assez la fibre émotionnelle, alors qu’on sent bien qu’Ivan Jaquin ne manque pas de potentiel en la matière. Espérons alors que le groupe bourguignon saura nous convaincre pleinement à l’occasion de son troisième CD en préparation, et qu’il nous livrera un l’opus de la maturité. Ces gars là en sont parfaitement capables, et c’est tout le mal qu’on leur souhaite ! A suivre donc….
Philippe Vallin (6,5/10)