Pendragon – Believe
Pendragon
Toff Records
En 2005, après les fastes de la trilogie « The World/The Windows Of Life/The Masquerade Overture » et de « Not Of This World » qui s’inscrivait pleinement dans cette même continuité de style, le nouvel album de Pendragon divise son public ; d’un côté, il y a les fans ravis de la nouvelle direction prise par le groupe, de l’autre, il y a les déçus, ceux qui attendaient plus de ce nouvel effort. Nick Barrett a modernisé le son de la formation néo-progressive. Certes, c’est une bonne nouvelle car on leur reprochait un peu de toujours faire les mêmes choses. Cependant, le renouvellement est radical : exit les atmosphères magiques, les mondes dans lesquels on aimait à se perdre, entre rêverie et imaginaire ; le groupe a perdu un peu de son identité. Nick Barrett traverse une crise : il réfléchit sur le monde réel, actuel. Et ses paroles témoignent de ses interrogations : mélancoliques, amères, coléreuses, adultes. Et oui, Pendragon est sorti de l’adolescence.
Mais son arrivée dans l’âge mature est brutale. Dès les premières notes de l’instrumental « Believe », Barrett annonce la couleur : ce sera planant oui, mais aussi mélancolique. Une voix féminine fait son apparition mais on est vite refroidi en apprenant que, sur tout le disque, figurent des samples que Clive Nolan est allé chercher. Une belle déception, une vraie chanteuse aurait apporté une réelle émotion aux titres. « No Place For The Innocent » est un nouvel hymne pour le groupe, plutôt rock mais ni progressif, ni évolutif, assez typique des morceaux récréatifs qui aèrent un album. Très bon titre, suivi d’un autre que l’on peut considérer comme l’un des plus mauvais du groupe : intro interminable, voix fluette, rythmique pauvre, « The Wisdom Of Solomon » ne présente qu’un seul aspect positif : l’utilisation de la guitare acoustique, fait plutôt rare chez Pendragon, mais qui sur cet album est prédominant. La basse de Peter Gee ressasse, la batterie de Fudge Smith est sous-exploitée, les claviers de Clive Nolan sont discrets, on croirait presque avoir entre les mains un disque solo de Nick Barrett ! Il n’y a vraiment que son jeu de guitare qui transparaît au travers des titres. « The Wishing Well » est divisée en quatre parties : la première « For Your Journey » est atmosphérique, avec un joli travail d’ambiance de Nolan. Mais encore une fois, la sauce ne prend pas, Barrett se contentant de parler plutôt que de chanter.
Avec « Sou’ By Sou’ West », l’espoir revient : mélodies vocales, claviers magiques et solo planant sont présents et prouvent que l’esprit Pendragon n’est pas mort. La transition acoustique avec la troisième partie « We Talked » est bien vue alors même que ce titre présente tous les nouveaux défauts du groupe : rythmique lourde, aucun relief, chant moyen, samples incongrus, mélodies quasi absentes. Quant à « Two Roads », quatrième et dernière partie, c’est un autre moment réussi, typique de l’ « ancien » Pendragon, guitare acoustique en plus ! « Learning Curves » retombe dans les travers de la modernité Pendragonnienne et ne décolle que dans sa deuxième partie instrumentale (toujours cette guitare excellente, acoustique ou électrique). Le disque se finit avec « The Edge Of The World », morceau mélancolique et minimaliste, très beau. Il ne faut donc pas espérer voyager avec cet album dans un univers flamboyant et fantasmagorique. Pendragon nous ramène à la réalité, mais l’atterrissage est rude.
Un opus à moitié réussi donc, mais qui, heureusement, ne s’avèrera être qu’un simple album de transition. En effet, le groupe reviendra mettre tout le monde d’accord trois ans plus tard avec l’excellent « Pure », un disque en état de grâce et une nouveau classique incontournable de Pendragon, qui confirmera la volonté du groupe de moderniser sa musique, sans toutefois renier son héritage progressif. Mais ceci est une autre histoire…
Fred Natuzzi (7/10)
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