Pawel Penksa – Pandemonium
Pawel Penksa
Autoproduction
Pandemonium n’est pas un vrai groupe, c’est l’œuvre d’un seul homme ou plutôt d’un homme seul : Pawel Penksa, musicien des formations polonaises Night Rider et Night Rider Symphony. Ce compositeur émérite a concocté ces derniers mois cinq fresques de grande qualité qui forment l’ossature de ce mini CD. Le maître, qui officie aux claviers et aux programmations, est épaulé pour l’occasion par Kuba Szostak et Robert Kazanowski à la guitare et, plus épisodiquement, par Blazej Grygiel au chant récitatif ou trafiqué. Tout ce beau monde nage avec délectation dans les eaux d’un prog-metal instrumental bien couillu, renvoyant tour à tour à Planet X et à Dream Theater. C’est ainsi que le titre d’ouverture éponyme, aux synthés épileptiques, évoque fugacement certaines séquences de la suite « Six Degrees Of Inner Turbulence ». Attention, il s’agit de ressemblance et non de plagiat.
Le morceau suivant, « The Valley Of Forgotten Dreams », nous présente une facette plus symphonique de la personnalité du père Penksa et évoque certains titres de Jordan Rudess en solo (avec, entre autres, de sublimes parties de piano classique). On part sur un rythme techno avec la piste numéro trois, intitulée « Runaway », avant d’assister à de furieuses empoignades de guitare, épisodiquement interrompues par des riffs de claviers mémorables. Surgit alors de nulle part une envolée de piano digne du meilleur Liszt et Rachmaninov qui aboutit à un final épique typique du théâtre du rêve (on y trouve dans tous les sens des soli de guitare à vous faire grimper au plafond). Un petit miracle !
Le quatrième morceau est entièrement construit autour d’une superbe séquence de piano interprétée tout en retenue, qui rappelle les fastes de Robert John Godfrey sur « The Art Of Melody ». On en reste le cul par terre, pour tout vous avouer ! Last but not least, « T.B.C », la dernière pièce de l’EP, galope à toute vitesse sur les terres d’un Rhapsody et se tire brillamment de ce périlleux exercice de style. La conclusion logique est d’admettre que nous assistons à l’avènement d’un nouveau grand musicien, un compositeur d’envergure. Réussite quasiment sans faille, « Pandemonium » peut se révéler votre disque de chevet et supplanter aisément vos chouchous du moment !
Bertrand Pourcheron (8,5/10)