Orphic – Atlantis
Auto-production
2016
Le mythe d’Orphée et de sa descente aux enfers en a inspiré plus d’un. Il est même devenu une religion ; mais ceci n’est pas ma tasse de thé. Il en va autrement de ce que proposent les Lyonnais d’Orphic dont j’ai écouté la musique… religieusement.
Le duo formé en 2014 par Priscilla Cucciniello au chant et compositions, et Jean-Philippe Nevers aux claviers et machines propose des morceaux éthérés et electro dont les rythmiques incorporent sur certains titres des accents tribaux un peu dans la lignée d’une Björk ou d’un Massive Attack. C’est en effet de tribal hip hop ou plutôt de trip hop qu’il s’agit ici, un terme que je n’ai jamais trop compris car j’ai un peu de mal à identifier le cousinage avec le hip hop.
Quoi qu’il en soit, l’EP Atlantis dont je vais vous entretenir, contient cinq titres aux ambiances sensiblement différentes sur lesquels ondule la voix langoureuse de Priscilla. Il nous plonge dans la perception qu’a Orphic d’un des quatre éléments naturels à savoir l’eau. Les textes bien évidemment traitent de ce sujet mais également de l’interaction avec le corps humain, ses émotions et son ressenti.
Je me suis donc immergé dans Atlantis (je ne pouvais pas la laisser passer celle-là !), dans ses ambiances « caméléons » et dans ses morceaux qui ne donnent pas dans la linéarité. Et heureusement, car le propos en deviendrait assez vite lassant. D’entrée, « Languid » introduit Atlantis de façon lancinante sur une rythmique minimaliste au piano mais avec le support de percussions plus élaborées. L’ambiance, tout d’abord légère, est envoûtante, puis prend corps et rythme pour aboutir sur un final plus haletant.
Le mystère nous étreint encore l’espace d’un « Underwater River » rythmé par des percussions aux sonorités asiatiques alors que le morceau éponyme nous replonge dans un écrin de délicatesse impulsé par des vocaux plein de sensibilité. Les deux dernières plages nous permettent de découvrir une autre facette d’Orphic à savoir le groove.
Si « Flow » m’a un peu laissé de marbre du fait de sonorités de claviers trop datées et d’un chant qui en fait un peu trop, « Ice » ne m’a pas laissé de glace (oups! décidément, je n’en rate pas une moi). La dernière plage de cet EP propose des arrangements de claviers bien plus recherchés que sur la précédente et clôture de belle manière Atlantis.
Ainsi donc, le bilan de cette écoute est largement positif avec un petit bémol concernant l’accent un peu trop franchouillard de Priscilla, sur lequel on ne se bloque quand même pas, car les vocalises de la belle Lyonnaise font leur effet.
Orphic a pour projet de continuer à livrer ses explorations musicales introspectives des trois autres éléments naturels qui sont actuellement en cours d’écriture et il sera intéressant de suivre la progression du duo.
Rudy Zotche