Neal Morse Band – The Similitude Of A Dream
Radiant Records
2016
Comment ça, je suis en retard ? Oui, ce 258 253ème album de Neal Morse est déjà sorti depuis 2 mois. Bon, comment vous dire… Quand M. Portnoy proclame que The Similitude Of A Dream est en quelque sorte l’aboutissement de sa carrière, ou du moins l’un des trois meilleurs disques de prog auxquels il a participé, eh bien, on prend le temps de la réflexion, un peu de recul, afin de pouvoir réellement peser le pour et le contre, les tenants et aboutissants, voir si c’est feng-shui, si l’eau mouille réellement, si le feu ça brûle (aïe), ou de savoir si grand-mère fait du bon café… En l’occurrence, grand-mère, ici Neal Morse, a toujours su faire du bon café. Mais là, maintenant qu’on est au niveau supérieur de la force du prog, le café est-il à la hauteur ? Et être à la hauteur du commun des mortels pour chaque jour répondre à l’appel et avoir à cœur d’être à la hauteur, comme le dit Emmanuel Moire, bah c’est pas rien. Oh j’en entends qui ricanent, qui pensent que je fais du remplissage parce que je n’ai rien à dire sur le disque. Bon bah ceux-là peuvent partir parce que j’enchaîne avec un autre paragraphe qui n’amènera rien pour eux.
Allez, ouvrons le débat… Vous aimez les « concept albums » ? Je dois vous dire que, pour ma part, je trouve toujours qu’il y a des creux ou des passages trop longs, voire même parfois… du remplissage (tiens ? comme ma chronique !). Surtout dans les double-albums … Alors oui, il y en a quelques-uns qui trouvent grâce à mes yeux comme Metropolis Part 2 : Scenes From A Memory de Dream Theater (qui bizarrement est l’un des trois disques préférés de mon pote Mike), ou ? de Frère Neal, entre autres, mais il semble que dès qu’il y a une histoire à raconter, il y a intrinsèquement des ralentissements. C’est d’ailleurs flagrant avec le découpage des morceaux, certains groupes voient leurs titres ramenés à 2 ou 3 minutes alors que s’ils étaient assemblés, l’ensemble passerait beaucoup mieux. … Résultat, certains opus sont mal aimés (comme The Seventh Degree Of Separation d’Arena, ou The Incident de Porcupine Tree) alors qu’en vrai, ils sont très très bien ! Si si, réécoutez le tout et dites-vous qu’il n’y a que 5 morceaux et vous verrez, ça passera mieux… ou pas. Bon je digresse, et je n’ai pas encore parlé de l’album en question.
Puisque nous sommes sur le ton de la confidence, je vais vous dire, ami lecteur. Je ne sais pas quoi en penser de ce disque. Double-album de génie ou concept avec longueurs. Eh bien, un jour le disque paraîtra fluide, un autre, long et redondant. Et inversement. En fait, ça dépendra de votre humeur. Etrange, car un opus comme ? ne pose pas ce genre de questions (sans jeu de mots). Vous mettez le CD, et vous êtes embarqués dans un voyage sans temps mort, virtuose, où tout se répond de manière étincelante. Avec The Similitude Of A Dream, vous êtes entre deux chaises. Alors oui, le Neal Morse Band excelle dans ce genre de musique. Le tout a été composé collégialement mais fait indéniablement penser aux meilleurs Spock’s Beard. Il y a des moments extraordinaires, du prog extravaganza, et de l’alchimie inspirée. Mais parfois, ça lasse. Fatiguerais-je ? Aurais-je ma dose de prog ? Rejoindrais-je déjà la caste des gens blasés ? Est-ce grave docteur ? Non, je ne veux pas le croire. Et pourtant, j’irai au concert en avril, je veux retrouver cette musique en live, je veux retrouver la foi ! Alors je vais recommencer à l’écouter cet album, je vais persister et vous dire que, bon Mike y est allé un peu trop fort sur son refrain, « attention chef d’œuvre, je me coupe une couille si personne l’aime » et tout ça. Hein ? Non il n’a pas dit ça. Ce n’est pas l’absolue quintessence du prog ce disque, c’est un nouvel album de Neal Morse sous sa forme groupée, qui continue à nous donner des tonnes et des tonnes de musique à la fois jouissive et gavante (ça dépend des jours, faut suivre !). Mais il faut reconnaître que le savoir-faire est indéniable, l’efficacité prime, la répartition des vocaux à tous les intervenants (sauf Randy George) est une très bonne idée, et entendre chanter Portnoy est plutôt sympa. Il s’améliore, le bougre !
Celui qui se détache de ce Similitude Of A Dream, c’est Eric Gillette. Ce gars sait chanter et son jeu de guitare est assez impressionnant. Il confirme toutes les bonnes impressions qui s’étaient dégagées de The Grand Experiment. Comment résister à l’efficacité d’un «City Of Destruction », à la fluidité magistrale d’un « Draw The Line », au heavy rock « So Far Gone » (avec un Eric Gillette en feu qui woooooouise aussi bien que Neal) répondant à « Makes No Sense », ou encore au puissant « The Man In The Iron Cage » (sonnant un peu Led Zep) qui aurait pu convenir à Flying Colors, avec encore des vocaux de ouf de Gillette ? Et puis il y a les autres moments un peu dégoulinants, des chansons FM américaines passables qui auraient pu figurer sur les solos du bonhomme (« Shortcut To Salvation »), le country « Freedom Song », sympathique mais bof, le gospel prog héroïque un peu too much (« Breath Of Angels »). On retrouve également des passages obligés avec référence aux Who (« I’m Running »), à Queen (« The Ways Of A Fool ») ou encore à Pink Floyd (« The Dream »). Enfin, on entend aussi du progressif typique mais ressassé (« The Slough », « The Battle »). Mais bien sûr, « Broken Sky / Long Day (reprise) » à la fin met tout le monde d’accord, grâce à cette magie de l’alchimie, cette patte indéniablement efficace qui fait que quoi que l’on dise, cette fin triomphale a le dessus.
Alors, ami lecteur qui avez fait ce long voyage avec moi, (et merci de votre patience !), que doit-on en tirer de tout cela. Que ma chronique est trop longue ? Certes. Mais qu’en dites-vous de ce Similitude Of A Dream ? Oui, c’est une question. J’attends…. Alors ? Ahhhh vous ne dites rien, hein ? C’était bien la peine que je me décarcasse moi !
Fred Natuzzi
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