Motörhead – Bad Magic
Warner Music
2015
Pascal Sain
Motörhead – Bad Magic
Quand on parle du nouvel album d’un groupe de heavy metal, comment ne pas faire le lien avec les récents évènements de Paris ? N’en déplaise aux politiques et aux terroristes, nous, représentants de la génération Y, eh bien la musique c’est tout ce qu’il nous reste. Génération Y, un bien drôle de terme d’ailleurs, presque comme une Tour Eiffel renversée, une prémonition peut-être ? Une chose est sûre, la flèche pointe vers le bas et ce n’est pas bon signe pour les suivants. Quoiqu’il en soit, ici il s’agit de Bad Magic, le dernier album de Motörhead. Et je peux vous dire que la bande à Lemmy, c’est un sacré modèle de résilience. Ces gars là ont survécu aux associations puritaines américaines, à la guerre froide, aux années 80 et même au disco ! Alors ils survivront au reste, ça ne fait aucun doute. D’ailleurs l’opus démarre par le titre « Victory Or Die ». Vous commencez à saisir ?
La voix de Lemmy résonne plus éraillée que jamais. Il gratte des accords de puissance sur sa basse saturée soutenue par la rythmique implacable de son batteur (à ce titre, je vous laisse d’ailleurs admirer l’intro de batterie sur « Shoot Out All Of Your Lights »). Tandis que la guitare de Wizzö assaisonne cette puissante déflagration par des solos bien rock ’n roll. Il n’y a rien à ajouter, rien à retirer. C’est du Motörhead et c’est ça qu’on voulait pardi ! Les thèmes abordés par le trio ne changent pas non plus : l’alcool, les femmes et la bagarre, évidemment. Mais attention, à la fin de l’album petite surprise : une reprise de la célèbre chanson des Stones « Sympathy For The Devil » à la sauce Motörhead et je peux vous dire qu’ils n’y vont pas avec le dos de la cuillère à pot d’échappement de la Harley. Tel Rahan fils de Krao et buveur de Kro, l’Homo Motörheadus est sorti de sa grotte pour affronter le monde et ses dangers. Plus en forme et plus moustachu que jamais, il reste insensible aux affres du temps, aux saisons et à la folie des hommes. Avec Bad Magic, Motörhead fait ce qu’il sait faire mieux : du bon Motörhead ! Et c’est tant mieux, car comme je l’ai dit plus haut, la musique c’est tout ce qu’il nous reste.
Il y a cette célèbre phrase d’Antoine de Saint-Exupéry qui dit : « Nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants ». Moi j’ai surtout l’impression que la génération précédente nous a emprunté le monde comme le gosse terrible qu’on a tous eu dans notre classe, celui qui vous vole votre jouet et qui vous le rend complétement sale et déglingué lorsqu’il s’est lassé de s’amuser avec. Et en plus, il a le culot de dire que ce n’est pas de sa faute…