Lumio – Staring At The Sun

Staring At The Sun
Lumio
Hacienda Records
2025
Lucas Biela

Lumio – Staring At The Sun

Lumio Staring At The Sun

Lumio est un village du nord de la Corse. C’est aussi le nom que Niko Gamet a donné à son dernier projet en date. Mêlant diverses influences, Staring At The Sun offre un condensé de mélodies douces-amères, fortes de l’expérience d’un artiste qui joue dans de nombreux groupes, et qui compose et arrange pour d’autres musiciens. L’univers de Lumio est caractérisé par un équilibre fragile entre repli et épanouissement. La musique avance lentement dans une sorte de mélancolie que des éléments facétieux vont cependant bousculer. Ainsi, sur « By Your Side », c’est une note répétée aux claviers qui rend l’atmosphère plus légère. De même, les petits airs innocents de la guitare acoustique de « Nowhere » apportent un peu de fantaisie à cette pièce aux accents bowiens. Et c’est dans les harmonies enjouées héritées des Beach Boys que « Grateful » trouve un peu de réconfort. Dans « Rising Wood », les balais insouciants mettent un peu de baume au cœur dans une ambiance mystérieuse qui va finir par tourner à l’orage. Avec « Secretly », le pas hésitant et les gémissements d’un condamné à la potence transformeraient la place de grève en esplanade de la libération dans les appels salvateurs d’une voix gorgée d’espoir. C’est également le cas avec « This Precious Day » quand l’affliction se transforme en entrain une fois que les petits claviers enchanteurs entrent en scène. Dans « Another Life », c’est le bouillonnement de la batterie associé à l’excitation des claviers qui sort le morceau de sa torpeur.

Lumio Staring At The Sun Band 1

Certes quelques artifices instrumentaux permettent de passer de l’obscurité à la lumière, mais il ne faut pas négliger le rôle de la voix dans cette entreprise. Ce qui frappe au premier abord quand on l’entend, c’est ce timbre rauque si chaleureux qui rapproche notre autodidacte de grands ténors tels que Neal Morse, John Mitchell ou encore Ray Wilson. J’ai pu voir aussi mentionné le regretté John Martyn. Ainsi, on pourra être témoin sur « Dust » de cette habilité de la voix à chasser ses démons aussi bien à travers les refrains optimistes que dans un emportement exalté. Et bien qu’on l’aperçoive raser les murs dans les couplets de « Road & Rose », elle n’hésite pas à s’émanciper quand vient le refrain. Et d’émancipation, il en est question dans la ballade « Secretly », où notre artiste sort véritablement ses tripes dans ce voyage mouvementé entre cafard et allégresse. Je parlais de voix rauque, mais celle-ci peut s’éclipser au profit d’une voix de tête plus frivole, comme sur « Nowhere », montrant par là-même toute la versatilité de notre chanteur. « Rising Wood » nous permet aussi d’apprécier les intonations plus vaporeuses du chant, nous plongeant dans un rêve agréable depuis un matelas duveteux. Et que dire des chœurs qui émaillent « This Precious Day » quand le ciel s’assombrit. La douleur et le confort qu’ils véhiculent donnent alors une véritable force émotionnelle à la pièce.

Lumio Staring At The Sun Band 2

Versatile tout en s’appuyant sur des sonorités ouatées, Staring At The Sun manie avec adresse introspection et jubilation, faisant ressortir la beauté des épreuves et de ce qui est caché au plus profond de nous. Le morceau de clôture, « Staring At The Sun », avec ses ambiances tour à tour mystérieuse et euphorique, mêle d’ailleurs les différentes voix évoquées pour les orienter toutes vers la lumière. A la manière de Rembrandt avec ses clairs-obscurs, mais dans un langage différent, Lumio fait jaillir la lumière de l’obscurité, pour mieux toucher notre ouïe.

https://lumioproject.com/

 

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