Los Disidentes Del Sucio Motel – Polaris
Klonosphère/Season Of Meast
2021
Rudzik
Los Disidentes Del Sucio Motel – Polaris
Adeptes de la puissance (et accessoirement, dissidents des motels crades), Polaris est taillé sur mesure pour vous. Le quatrième album de Los Dissidentes Del Sucio Motel (LDDSM pour les intimes) fait la part belle aux grosses guitares que le doom et le stoner ont institutionnalisées.
Après un court instrumental, « Blood-Planet Child » entre directement dans le vif du sujet (comme moi d’ailleurs ce qui n’est pas dans mes habitudes) et dans l’univers des mid-tempo pachydermiques. Ce qu’on remarque de suite, c’est que LDDSM a trois chanteurs (en fait deux gars et une fille, Nicolas Foucaud – guitares, Daniel Scherding – claviers et Katia Jacob – basse + claviers) qui chantent… toujours tous en même temps. Comme ça il n’y a pas de jaloux. C’est pas plus mal dans un groupe où il n’y a qu’une fille. Alors ça me rappelle furieusement, dans un genre plus rock, Saigon Kicks, un groupe d’un seul album ayant marché (le fabuleux The Lizard) et d’un unique tube, le mythique « Love Is On The Way »… une ballade sirupeuse que, personnellement, j’ai toujours détestée ha, ha, ha, mais ce, contrairement au reste de l’album. Gregory Hiltenbrand à la batterie + percussions et Romain Reichhart aux guitares complètent le combo de LDDSM.
Cependant, LDDSM donne, lui, dans le stoner/doom avec un côté grungy à la Alice In Chains (« Blue Giant », « Horizon »). Dans cet univers où le mid-tempo est roi, ça s’anime parfois, le temps d’une petite pandémie (certainement un banal fantasme de fiction ayant germé dans l’esprit dérangé d’un apôtre du catastrophisme) sur le titre « The Plague » ou par vagues (tiens, un mot à la mode par les temps qui courent !) sur le versatile « Alpha Ursae Minor ». Mais le maître-mot de cet album est « riff », avec un coup d’État des guitares reléguant les claviers au second plan, laissant seulement la place à quelques exceptions quand-même, le temps de l’instrumental « Earthrise » que l’on pourrait jouer dans une église finlandaise puisqu’il paraît que là-bas, on joue du metal pendant les messes (https://www.youtube.com/watch?v=R52bplbJltc). Assurément un exemple à suivre bien que très utopique dans un pays aussi accroché à son identité « pop » (le terme « variétés » pourrait même être plus approprié) que le nôtre. Ah, mais je me souviens que Tangerine Dream avait tenté l’aventure à Reims dans les 70’s provoquant une levée de bouclier des intégristes religieux et même une « messe de purification », postérieure à l’évènement à l’époque. Bon ben je pense que ça serait du même acabit, les mentalités n’ayant pas évolué depuis cinquante ans, bien au contraire.
L’« Horizon » de Polaris s’éclaircit un peu en fin d’album proposant plus d’alternances dans les rythmiques et une belle dualité entre le doom et le stoner avant un final de claviers apaisant sur ce titre. « The Great Filter », tout en étant très lent, apporte plus de légèreté, la saturation des guitares ayant été pratiquement occultée. On y note un solo de guitare qui joue plus sur les émotions que sur la flamboyance, l’occasion de remarquer que Polaris n’en propose que très peu. Alors, il faut le déguster. Le petit coup d’accélérateur en fin de titre nous offre un final d’album, ma foi, fort savoureux.
LDDSM ne révolutionne pas les genres doom et stoner, mais fait montre de beaucoup de conviction pour marteler l’enclume d’un Polaris qui les associe judicieusement tout en les perfusant avec des accents de grunge. L’idée du chant polyphonique systématique lui donne une identité propre qui ne plaira peut-être pas à tout le monde (sauf peut-être à tous les Corses ?). Toutefois, il lui offre l’originalité lui permettant de s’extraire de la nasse, pour peu qu’on soit accro des mid-tempo comme moi.
https://lddsm.bandcamp.com
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