Lonely Robot – The Big Dream
InsideOut Music
2017
On ne compte plus ou presque les groupes et/ou side-projects de John Mitchell. Pourtant, ce multi-instrumentiste évolue presque toujours dans la sphère néo-progressive teintée de pop-rock. Lonely Robot est son projet solo, enfin pas tout à fait. En effet, on retrouve sur The Big Dream la section rythmique du premier album, à savoir Craig Blundell aux percussions et Nick Beggs à la basse. Il s’agit du second volet d’une saga prévue en trois tomes, celle du voyage d’un astronaute qui, ici, se réveille d’une cryogénisation, entouré de gens à tête d’animal. C’est une sorte d’extrapolation du personnage de « Bottom », qui porte une tête d’âne dans le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare.
Cet opus est dominé par la voix caractéristique, un tantinet enrouée mais très veloutée de John Mitchell dont certaines tonalités rappellent celle de Peter Gabriel. C’est surtout le cas sur « The Divine Art Of Being » dont le rythme ressemble également à la production de l’ex-« genesien ». À part l’instrumental éponyme de plus de huit minutes, l’ensemble tire beaucoup plus sur le pop-rock que le progressif. D’ailleurs ce morceau, conçu probablement pour plaire aux amateurs de prog, n’atteint que très partiellement son objectif. Il est propre sur lui et dominé par la guitare de J. M. mais beaucoup trop prévisible. En fait, j’ai trouvé qu’il ne décollait jamais vraiment.
A l’image de ce morceau éponyme, l’album manque donc de relief car présentant certaines linéarités, comme par exemple les riffs mid-tempi très similaires d’« Awakenings », de « Sigma » et d’« Everglow » qui m’ont fait penser à du RPWL période Wanted en moins variés et tranchants, c’est dire ! Par contre, la majorité des refrains est lumineuse et, en cela, John est un maître. Quand sa voix s’élève, elle sauve de la monotonie des titres comme « Sigma » ou « Everglow ». Lorsque son jeu de guitare se met au diapason, il nous livre des somptueuses ballades aériennes telles que « In Floral Green » ou « Hello World Goodbye ».
Çà et là, des lignes de piano à la Frost* peinent cependant à égaler cette production (« Epilogue (Sea Beams) », « Everglow », « The Big Dream »). D’une façon générale, il m’est apparu que les claviers de Lian Holmes étaient trop convenus et manquaient singulièrement de relief. Par contre, le jeu de batterie de Craig Bundell est d’une richesse époustouflante. Son travail sur « Sigma » contribue largement à en faire selon moi le titre phare de l’album qui imprègne immédiatement les mémoires, comme « Everglow » aussi, mis en valeur par le label mais situé à un degré moindre à mon avis, du fait d’un refrain un chouïa un ton en dessous. « False Lights » bien soutenu par une basse langoureuse, une batterie tout en toucher et un refrain éclatant fait également son petit effet. De même, les quelques accélérations de « Symbolic » rompent un peu une certaine monotonie ambiante.
En résumé, The Big Dream, bien que procurant sa dose de frissons sur certains passages, aura du mal à s’extraire de la production néo-progressive, la faute à un certain manque de caractère. Alors, et en guise de clin d’œil au parcours musical de John Mitchell, ça mord ? Pas trop. Est-ce digne d’être jeté en pâture dans l’arène ? Hum ! Gel ou brasier ? Ni l’un ni l’autre, quoique ? Faire bien avec rien, faire mieux avec peu, mais le faire maintenant ? Pas facile. Robot solitaire ? Ah que oui : Il vaut quand même mieux être bien accompagné que seul.
Rudy Zotche
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