Live report Wassim Soubra, concert privé au studio de Meudon le 28 juin 2025

concert privé au studio de Meudon
Wassim Soubra
2025
Lucas Biela

Live report Wassim Soubra, concert privé au studio de Meudon le 28 juin 2025

Live report Wassim Soubra band1

Compositeur et pianiste franco-libanais, Wassim Soubra aime mettre sur un même plan les différentes cultures qui ont façonné son éducation musicale. On l’a vu avec le fameux Bach To Beirut, et on en est à nouveau témoin avec Il Vento, son dernier album en date. S’y croisent en effet des thèmes d’inspiration impressionniste et des ornementations orientales. Comment ne pas alors voir dans ces tableaux les mains coordonnées de Claude Monet et de l’Eugène Delacroix orientaliste. Cependant, ce n’est ni au passé ni au futur, mais bien au présent que le verbe « souffler » se conjugue. Sur les huit pièces que l’album comprend, cinq sont présentées au public. La violoncelliste Julie Sevilla-Fraysse ne pouvant pas se rendre disponible, c’est l’altiste Estelle Gourinchas qui la remplace au pied levé. Il a donc fallu faire vite pour s’imprégner des partitions. Par ailleurs, le temps faisant défaut, des choix ont dû être opérés. Même si un lyrisme se met en place à travers les lignes épiques de cet instrument à cordes, c’est souvent la mélancolie ou encore un sentiment de solitude infinie qu’il appuie. Les élans éplorés sont alors souvent coupés par les assauts solaires de l’oud de Khaled Al-Jaramani. On reviendra à notre Syrien plus loin.

En outre, pour sublimer la mélodie, on peut compter sur les flûtes d’Henri Tournier. Quand l’une d’elles nous fait voyager à travers les steppes arides, la musique qui en sort flotte dans les airs tandis que des trémolos apportent une touche poignante à l’image. Avec le piano, la paire porte même l’ensemble sur des ailes bienveillantes. Et quand les notes d’oud pleuvent comme des sanglots (je vous avais dit que Khaled serait à nouveau sous les feux de la rampe), les claviers espiègles redonnent le sourire. La flûte à ce moment va même jusqu’à galoper dans les champs. Dans le carrousel enivrant où les couleurs sont réfractées à travers le prisme des sentiments, la fragilité de l’instrument à vent se transforme ainsi en invulnérabilité. L’instrument piriforme ouvre bien entendu la porte du soleil, mais on le verra à son tour cavalcader en compagnie d’un piano frivole, ravissant alors la place de la flûte. Et quand, telle une pause dans le temps, chacun y va de son solo, l’oud remet tout le monde dans la course. Un vrai meneur de jeu ce Khaled ! Cerise sur le gâteau, c’est un incroyable numéro d’acrobate que le quatuor nous présente quand l’âme (« Anima ») se manifeste à travers la rencontre du sacré des chants liturgiques et de l’espièglerie bucolique d’un romantisme attaché aux traditions des peuples. Un pont reliant les larmes s’établit entre les différents instruments. Quand la joie cherche à s’émanciper, la mélancolie la remet en cage. Mais quand le système est déjoué (« Il Vento »), la libération est alors totale.

Live report Wassim Soubra band2

Lors de la prestation de Wassim Soubra et de ses compagnons au studio de Meudon, complicité et versatilité ont conquis un public certes confidentiel, mais acquis à une musique qui se passe de toute étiquette. Car c’est cela que l’on recherche en musique : une liberté d’expression qui donne des ailes à notre âme pour lui permettre de mieux sonder nos rapports à autrui et à la différence.

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