Live Report Rokia Koné et Raül Refree à La Dynamo de Pantin le 5 avril 2023
Live Report Rokia Koné et Raül Refree à La Dynamo de Pantin le 5 avril 2023
Profitant de la présence de mon frère en France, c’est avec lui que je me rends à La Dynamo de Pantin pour le concert de Rokia Koné et de Raül Refree, concert programmé dans le cadre du festival Banlieues Bleues, organisé chaque année en Seine-St-Denis pour mettre en lumière des musiques aussi bien métissées qu’expérimentales.
Une fois sur place, nous découvrons les locaux. D’abord un passage au bar, car il faut se désaltérer. Puis un rapide coup d’œil à la collection de disques vendus sur un stand me permet de repérer 2 albums d’Už Jsme Doma, que je m’empresserai d’acheter à la fin du concert (oui, l’orientation musicale des disques était plutôt punk et assimilés, loin de ce qui allait nous attendre dans la salle – mais est-ce un problème quand on est ouvert d’esprit ?). La cloche sonne pour annoncer le début des hostilités. Mais voilà, le règlement nous interdit de garder notre breuvage en salle. Nous voilà donc contraints de faire du « binge drinking ». La salle est à taille humaine, et plutôt que de nous asseoir, nous préférons profiter du spectacle en hauteur, accoudés sur la rambarde. En effet, assis sur les côtés – vous pensez bien que les places du milieu ont été prises d’assaut bien avant que la cloche ne retentisse – l’un des deux artistes aurait été éclipsé par l’autre dans notre champ de vision. Rokia Koné, je la connais de sa participation au dernier album de l’artiste multi-facettes Lonnie Holley, sa voix puissante m’ayant subjugué. Son compagnon, Raül Refree, qui me semblait être inconnu, ne l’était finalement pas, car pour une de mes émissions radio d’il y a déjà cinq ans, j’avais programmé un morceau du premier album de sa compatriote Rosalía, Los Ángeles, pour lequel l’Espagnol s’est occupé des arrangements et des parties de guitare. C’est donc une autre collaboration, plus inattendue celle-là, qui l’attend ce soir avec la star malienne.
Sous une lumière tamisée, on comprend quand on voit notre producteur s’installer devant son piano, et la chanteuse s’asseoir sur une chaise-tabouret de bar, qu’il s’agira d’un set intimiste. L’exercice n’est pas nouveau pour Raül, mais pour Rokia, plus habituée aux sons rythmés et à se déplacer sur scène, il s’agit d’un défi de taille. Défi qu’elle relève haut la main, puisque dans l’alternance de moments d’émotion à fleur de peau et de moments plus dynamiques, elle arrive à tenir son public en haleine grâce à cette voix d’airain unique. Par ailleurs, comme dans ses prestations scéniques plus traditionnelles, Rokia mime ses paroles avec des gestes qui rendent son univers plus attachant. Elle parvient aussi à faire participer le public : certes, ce sera facile quand il s’agit de frapper dans les mains, mais cela prendra une tournure plus délicate quand il faudra reprendre en chœur un refrain chanté en langue locale.
Son partenaire de jeu rend également cette soirée lumineuse grâce à des notes envoûtantes, souvent véloces, parfois plus en retenue. Derrière son piano et/ou sa guitare électrique, c’est un monde minimaliste qu’il fait tourner autour du monde traditionnel de la Malienne. Dans ce duo où l’un est (le plus souvent) dos au public et l’autre lui fait face (comme dans le Yin et le Yang : des dualités opposées et complémentaires), la magie opère : à la dimension fantastique de la musique répond l’émotion de la voix. Le set est un peu court (environ 1 heure en comptant les rappels), mais le duo a réussi son pari : créer une symbiose magique et riche en émotions entre un univers contemporain minimaliste digne des Steve Reich ou Philip Glass et un univers tout en couleur qui respire la chaleur de l’Afrique.
https://viavoxproduction.fr/artist/raul-refree/