Leafblade – The Kiss Of Spirit And Flesh
Leafblade
Kscope
Voici un album qui, si l’on n’y prend garde, pourrait être relégué à être écouté en fond sonore. Or la richesse musicale des 8 compositions du second album de Leafblade, « The Kiss Of Spirit And Flesh » est si passionnante qu’il serait dommage de ne pas en faire une écoute attentive. Le plaisir qui en découle est magique, à coup de caresse, de montées en puissances divines, de riffs de guitares émotionnels, et de beauté mélodique. Danny Cavanagh et Sean Jude forment le noyau dur de Leafblade, renforcé par Kevin Murphy à la basse, un ancien pote de Sean Jude, et rejoint à la batterie par Daniel Cardoso, qui se trouve être un autre membre d’Anathema, groupe cousin de cœur. Cependant, au contraire d’Anathema qui joue souvent sur la mélancolie, Leafblade va palier à la tristesse en renforçant le côté folk de sa musique. En effet, la guitare acoustique est le point de départ de ces morceaux, sur lesquels vont progressivement se tisser des thèmes, avant que des montées électriques viennent les chercher et les emmener dans d’autres sphères. La poésie délivrée par Sean Jude n’en est que plus belle et intense. L’artiste a d’ailleurs tout écrit, musique comprise. A écouter la qualité de l’ensemble, il est bien dommage de ne pas en avoir entendu parler avant, le premier album ayant bénéficié d’une sortie très confidentielle.
L’originalité de Leafblade est donc basée sur un mélange de douceur acoustique et d’orages électriques. L’esprit et la chair se rencontrent dans un baiser poétique. Les morceaux prennent leur temps pour installer une atmosphère, et on a tout le loisir de rêvasser, de se perdre dans ces méandres aériens, avant une montée électrique qui secoue le tout en mettant en valeur la qualité intrinsèque des mélodies. C’est le cas de la majorité des titres. « Bethlehem » par exemple avec son motif celtique est emmené très loin avec un développement très Anathemien. « Portrait », et ses 11 minutes flamboyantes, est envoutant et aérien. Un beau travail d’harmonies vocales, un segment plus pop, et un développement Anathemien plus tard, et le titre résume tout Leafblade.
On pense aussi au travail acoustique du début des années 70 d’un groupe nommé Genesis, sur « Beneath A Woodland Moon », pastoral et apaisant, très Anthony Phillips dans l’âme. « The Hollow Hills (Starry Heart) » rappelle un autre cousin de Leafblade, Antimatter, avec quelques motifs plus progressifs. « Oak Machine » possède une délicatesse folk magnifique, le morceau semble flotter en apesanteur, même si un riff de guitare et un développement final plus dur ne cessent de vouloir rappeler que la gravité règne en maître. Le reste des morceaux est tout aussi bon et saisissant de beauté.
Le mélange musical et émotionnel de Leafblade séduit par tant de volonté de réunir le meilleur de ces genres, avec en plus une identité indéniable, même si de larges points communs avec Anathema notamment, sont parsemés sur l’album. Il est facile de le laisser jouer sans y prendre garde. Mais ce disque est une porte. La franchir, c’est ouvrir son propre univers à un autre et y puiser des ressources bénéfiques. Car oui, chez Leafblade aussi, il y a cette magie, cette audace, qui transporte l’auditeur, et qui l’affecte. Et qui fait du bien.
Fred Natuzzi (8,5/10)
http://www.leafblade.tk/