Hirons/Tomi/Isnard – Incipit
Hirons/Tomi/Isnard
Autoproduction
Le terme incipit (du latin incipio, is, ere : « commencer ») désigne les premiers mots d’un texte, religieux ou non, chanté ou non. C’est ce patronyme original que le trio Rob Hirons/Matthieu Tomi/Michel Isnard a choisi pour baptiser son premier opus. Le guitariste Michel Isnard n’est pas un inconnu des fans de progressif puisqu’il a collaboré avec le groupe massaliote Eclat, durant les années 1990 : ils ont enregistré ensemble plusieurs disques et se sont produits avec succès en France, aux Etats-Unis et au Japon. Sa carrière remonte toutefois bien avant cela : il a ainsi fourbi ses premières armes avec le batteur actuel de Christian Escoudé, Bruno Ziarelli, et avec le bassiste Gérard Guérin, professeur à l’IMFP de Salon De Provence, avant de jouer en première partie de John Mc Laughlin, Larry Coryell, Magma, Marcel Dadi, Birelli Lagrenne et Alain Caron puis d’être invité pour participer aux master classes du festival international de guitare d’Issoudun. Aujourd’hui, Michel a décidé d’opter pour la formule à trois et s’est entouré, pour cela, des virtuoses Rob Hirons à la batterie et Matthieu Tomi à la basse. Et force est de reconnaître, à l’écoute de cette rondelle superbement produite, que ce choix s’avère des plus pertinents. Là où de trop nombreux groupes de jazz-rock fusion lassent rapidement l’auditeur en raison de leurs excès de virtuosité mal canalisés, ce nouveau combo de choc évite intelligemment le piège de la masturbation technique pour se fendre de sept compositions agréablement rafraichissantes. Du très mélodique morceau d’ouverture « Allegro Ma Non Troppo » à l’imparable titre éponyme, en passant par le superbe « Juanito » (qui a des allures d’hommage à Marcel Dadi), la formation fait preuve d’un sens harmonique hors pair doublé d’une exécution sans faille. Plus généralement, les titres gravés sur ce laser évoquent, toutes proportions gardées, la rencontre entre les grands Shawn Lane (la classieuse pièce de clôture « Chromazone ») et Scott Henderson (la suite « Sophia Antipolis »). Au final, nos trois marseillais signent donc, avec ce galop d’essai homogène et soigné, une éjaculation numérique pas piquée des vers. Well done, guys…
Bertrand Pourcheron (7,5/10)
http://www.michelisnard.com/
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