Hexis – Tando Ashanti
Halo Of Flies
2017
Hexis, c’est sale et froid. Pervers, cela va sans dire. Ça sent la campagne reculée, les pratiques auscultées par la brigade des mœurs, l’alcoolisme artisanal et les penchants les plus nauséabonds et inconnus. C’est le sacrifice, sept hommes, sept femmes, le compte est bon. Un couteau à la main, une gorge de l’autre et laissez faire le savoir-faire. Évitons le professionnalisme du boucher besogneux préparant un onglet, voyons plutôt la barbarie du geste, la saignée mécanique d’un tas de chair suspendu à un nerf de la vie. Plus d’existence, plus d’histoire, plus d’émotion. Ne reste plus que le geste, simple, grossier, mais néanmoins assuré, sur une lame de chasseur dont on donne des pseudo-vertus ésotériques.
Hexis, nouveau line-up, tournées incessantes et toujours ce côté implacable. Quand ça te pique, ça fait mal, quand ça pince, ça te fait encore plus mal, quand ça coupe, c’est déjà trop tard. Lourd, menaçant, voire lent dans son déroulé, Tando Ashanti écrase, presse la carotide et choisit le meilleur emplacement pour l’entaille finale. Le petit bonheur fait maison, toujours offensif, toujours dans une provocation calculée, jamais dans la débauche de violence, plutôt dans le débordement d’une ambiance mortifère sentant le sang coagulé et la découverte inopportune sur les routes de province d’un amas de corps sentant à dix mètres. Hexis fait sentir la justesse et la précision d’un objet contondant, la brutalité du choc sans trop en faire et le lent écoulement de fluides organiques qui n’en demandaient pas tant. Et c’est méchant, à en craindre la chaleur réconfortante du soleil de midi. Les guitares râpent le surplus, la batterie (bien que trop sur-mixée) inflige le châtiment dans une sorte de rituel tribal désordonné et peu avare en anecdotes. Plus black que hardcore, plus mousse humide que béton frais, plus intransigeant et carnassier que forcément frontal, Tando Ashanti fait partie de ces objets qui lancent de mauvais regards sans qu’on soit blousé par la marchandise. Telle que la pochette se présente, tel ce que je me prends au coin de la carafe, sur un vague rictus pernicieux et satisfait. Oui, satisfait je suis à m’en reprendre une bonne rasade tout en appréciant le fumet âcre et pâteux dans une bouche remplie d’aphtes.
Jéré Mignon