Hedvig Mollestad Trio + Chaos Echoes + Domadora à Paris, la Boule Noire, le 28 septembre 2013
Hedvig Mollestad Trio – Chaos Echoes – Domadora
La Boule Noire – Samedi 28 septembre 2013)
En ce samedi, il y avait trois dates, outre le fait de glander gentiment : The Dillinger Escape Plan pour les plus coreux du coin, les extrémistes qui aiment se faire vociférer des insultes à la tronche se retrancheront avec Control et le power electronics désuet des années 80/90. Moi, Je frétillais d’impatience dans mon coin. Pour cause, il n’a fallu que quelques mails échangés avec l’organisateur de l’évènement, ce cher Didi Abdelwaheb, pour que l’excitation atteigne son paroxysme. Le Hedvig Mollestad Trio en concert !! À la Boule Noire, par un samedi pluvieux. Avec moi les soirées live, c’est connu, c’est toujours au moment où je bosse, j’en chie. Allons mon vieux ! Pas de panique et arrivons sur les lieux. La soirée fut organisée certes sur le tard, pour ne pas dire à l’arrache, mais quand on a la chance de voir le trio Norvégien accompagné pour l’occasion des frenchies death psychédélique Chaos Echoes et des remplaçants Domadora (Aqua Nebula Oscillator ayant jeté l’éponge…) franchement, on ne se fait pas prier.
Je disais, je travaillais, donc j’arrive, logiquement, en cours de set de Domadora dans une salle plutôt vide au son groovy du trio. Domadora, c‘est un bon gros stoner-rock instrumental. Jam seventies, basse coulissante, riffs allongés, durée étirée, aucune coupure entre les morceaux. Bien qu’engagé en roue de secours, le trio arrive à enchainer sans temps mort et avec une certaine classe passages psychés-cool, rythmes élancés et frénétiques. Efficace et applaudi, bien qu’un peu répétitif. Parfait comme apéritif. Mon pied tape sur le sol. Bon signe. Allez hop, une bière !
Avec Chaos Echoes, c’est toute une série de docs, perfectos, cheveux longs (noirs de préférences) qui se massent gentiment devant la scène. Occasion aussi de voir que Bernard de Souffle Continu a fait le déplacement. Sacré Bernard ! Les extraits glanés sur la toile ne m’avaient pas laissé, comme on dit communément, sur le cul. Résultat, je me place vers le fond de la scène, pas loin du bar, pour assister au spectacle. Maintenant, difficile de décrire la musique ressentie quand on est en face d’un groupe, (bien stressé et concentré en début de set) qui joue sur les codes du death (on pense aux plans les plus mystiques de Morbid Angel, mais aussi Gorguts ou Incantation) pour plonger dans l’expérience bruitiste, rugueuse et potentiellement physique. Rituel et psychédélique (un mot qui revient souvent),
Chaos Echoes me donne l’impression d’entendre du Portal sans l’ultra-violence (mis à part quelques larsens non contrôlés et gênants) pour se focaliser uniquement sur l’atmosphère. Une ambiance des abysses, forcément, qui prend tout son sens, graduellement, et sa grandeur en live. Le public, lui, hypnotisé pour la plupart, se laisse porter. Cohésion des musiciens, bien que trop fermé face au public, expérimentation calculée aux petits oignons. On ressort un tantinet groggy, un peu comme un concert des Swans sans le volume sonore apocalyptique et sans la présence despotique d’un Gira. Véritable surprise. Je sens que je vais vite rattraper mon erreur. De plus, Didi m’informe que c’était là leur premier concert (?!). Quand on remet en place bon nombre de groupes en un seul set, il y a de quoi s’agenouiller. Qui a dit que le death c’était juste un truc de bourrin ?
J’ai dépassé le litre de bière, je peux me placer au-devant de la scène. Juste devant Hedvig Mollestad Thomassen et ses pédales d’effets, c’est parfait, ne bougeons plus. Après, pour les étourdis et les cancres du fond, là, le trio en album, ça claque. Et bien sachez qu’en live, c’est ENCORE mieux. Tout y passe, le groove, le charisme, la technique, le bonheur d’un groupe à jouer en France, sur Paris, dans une salle à demi pleine (ou vide c’est selon) et le montrer de la manière la plus humaine qui soit (« Merci Beaucouuuup !!! » dixit Ivar). Hedvig Mollestad Trio, irrémédiablement, c’est un peu tout ce qu’on aime, que ce soit le rock, le jazz, le lourd, l’aérien, le passé, le présent, le psychédélisme, le « progressif » en une seule mouture. Je me souviendrai du groove imbattable du batteur capable de passer du jazz, fin et accompagnateur à un style plus brut, rock et teigneux, tout ça sans manger l’espace ; une contrebassiste qui ferait pleurer de honte, et avec une de ces classes, n’importe quel prétendant à l’instrument, et sans oublier une guitariste sautillante, magnétique, impeccable dans ses transitions dont le public est incontestablement amoureux (on n’échappe pas au « I Love You » beuglé). Un titre pour Didi, son effort d’organisation pour la soirée (et je mets les points dessus), et comme final, la reprise de « Blood Witch » des Melvins (avec les seules parties vocales de la soirée). Franchement, que demande le peuple ? Groupe comblé, public comblé.
S’ensuit une discussion entre Bernard et les potes présents comme quoi Hedvig Mollestad Trio, c’est définitivement une claquasse, album comme live. Et puis voilà que Didi nous présente au groupe. Extase. VIP s’il vous plait. Admiration devant un trio absolument charmant qui nous découvre les bras grand ouverts, disquaire et chroniqueur. Après tout, C&O est le seul média Français à avoir fait une promotion sur le HMT et Souffle Continu le seul disquaire à avoir distribué l’album (!!!). Des crèmes. Une autre bière. Trinquons, trinquons… Avec le bassiste de Chaos Echoes (sympa au passage), crachons sur New Noise Mag aussi. Tout le monde y passe. L’attrayante contrebassiste Ellen m’offre le vinyle du premier album du trio. Accolades, bises, sincérité. Je me répète, ces gens-là sont absolument charmants. Ils adorent jouer devant un parterre passionné qui se démantibule la tête en cœur. Que répondre après ça ? On peine limite à sortir de la salle, en aidant le groupe à sortir son matos, et dire au-revoir (j’ai dû serrer la main de Ivar, le batteur, au moins quatre fois). Voilà ce qu’on appelle, généralement, une excellente soirée. Album de l’année, concert de l’année ? Le chemin du retour parait bien terne ensuite…
PS : un GRAND merci (pour l’invitation) et un GRAND bravo à Didi et à l’équipe de Kill The Hype pour avoir su monter en si peu de temps cette soirée.
Jérémy Urbain