Hanggai – Baifang
Hanggai
Harlem Recordings
Amateurs d’exotisme et d’onirisme, vous allez être comblés. Hanggai est en effet une formation chinoise originaire des hauts plateaux de l’est de l’Asie dont le nom fait référence, dans la langue traditionnelle mongole, à un univers idyllique composé de montagnes, de pâturages, de rivières et de ciel bleu à perte de vue. Le cheval occupe également une place prépondérante dans cette culture ancestrale (aussi bien dans les légendes que dans le quotidien de ces hommes des grandes steppes) et cela est criant de vérité tout au long de « Baifang », au niveau des thèmes abordés comme des constructions rythmiques galopantes. D’ailleurs, Steve Harris, l’emblématique bassiste d’Iron Maiden, doit très certainement être la réincarnation d’un grand guerrier et cavalier mongol descendant direct de Gengis Khan ou l’on ne s’y connait pas ! Chantant en khalkha, principal dialecte de ce pays si envoûtant, le groupe compte déjà deux disques à son actif qui célèbrent une musique typiquement traditionnelle (« Introducing Hanggai » et « He Who Travels Far », publiés respectivement en 2008 et 2010). Désireux de se faire connaître d’un plus large public à travers le monde, le combo propose aujourd’hui, sur sa troisième offrande, une musique restant fidèle à ses racines mais y ajoutant, fort à propos, des influences blues-rock, folk (l’acoustique « Daya Bala ») et post-rock (les guitares de l’énorme « Tavan Hasang ») ouvertement assumées.
Composée de Batubargen (chant et Morin Khuur, l’instrument à cordes le plus important du peuple mongol), Hurizha (chant), Xu Jingchen (guitare), Yilalata (chant et guitare), Yiliqi (chant et Tobshuur), Niu Xin (basse) et Li Zhongtao (batterie), cette formation pléthorique nous offre pas moins de vingt morceaux d’une grande diversité et d’une immense beauté. Omniprésents tout au long du CD, le Tobshuur (luth à deux cordes) et le Morin Khuur (vielle à deux cordes également) imprègnent profondément l’ensemble des compositions, dès le superbe diptyque d’ouverture « Mangala Sutra »/ »Baifang (Back To You) ». Ils servent de rampes de lancement à un chant venu du plus profond de l’âme (et parfois de la gorge, tradition oblige !) qui s’avère profondément troublant, hypnotique et, pour tout dire, totalement captivant. Le travail sur les harmonies vocales est, quant à lui, proprement sidérant (le magnifique « Miss Daughter »).
La musique invite souvent au rêve et au voyage dans les immenses steppes de la Mongolie, comme en témoignent les superbes « Tavan Hasag », « Huhe Namjila » (proche, dans le son et l’esprit, du meilleur Huun Huur Tu, groupe de la République de Tuva mondialement reconnu) ou « Golden Autumn » qui nous replonge avec bonheur dans l’ambiance chaleureuse du film « Urga », chef d’œuvre du réalisateur russe Nikita Mikhalkov. A portée de mesure de ces mélopées profondément ancrées dans la culture locale, le gang se fend également d’une poignée de titres indéniablement influencés par Radiohead, U2 (« Hong Galou ») ou Sigur Ros (« Ulanbator Nights »). Mais l’ombre du blues (« Gold Buttons ») et d’un reggae tétant goulûment à la tétine des grands noms du genre (« My Mother ») vient également promener ses guêtres au dessus de cet opus. Un fort beau disque donc, mariant avec brio tradition et modernité.
Après Yat-Kha (autre génial groupe de Tuva), Hanggai est sans conteste le nouveau porte étendard de cette World-Music locale à nulle autre pareille, à la fois énergique et contemplative, colorée et spirituelle… A découvrir d’urgence !
Bertrand Pourcheron et Philippe Vallin (8,5/10)
https://www.facebook.com/hanggai
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Appreciate your reference to inspiration/similarity to current western rock groups. That is part of what makes their music so exciting – old and new.