Gong – I See You
Gong
Madfish
On ne présente plus le rock psychédélique déjanté du mythique Gong, un ovni piloté dès l’origine par le fantaisiste australien Daevid Allen, avant de laisser ce groupe à géométrie variable s’aventurer en territoire jazz-rock à la fin des 70’s, sous le contrôle cette-fois ci du batteur et percussionniste Pierre Moerlen. Plusieurs émanations de la planète Gong (New-York Gong, Gong Maison, Planet Gong, Mother Gong, Gongzilla…) ont vu le jour dans la foulée, avant que l’inénarrable Daevid ne reprenne les commandes pour le plus grand bonheur des fans de la première heure. « I See You » est le cinquième opus depuis son retour, et comme on pouvait s’y attendre avec lui, l’humour et la dérision sont une nouvelle fois au rendez-vous. Cependant, là où les albums de la période Allen gardaient une certaine cohérence dans la folie contagieuse, le petit dernier est assez décousu. L’imaginaire Allenien est toujours là (les Pot Head Pixies, la voix envoûtante de Gilli Smyth alias Shakti Yoni, les messages de la « Radio gnome invisible », les flûtes virevoltantes, les glissandos de guitares éthérés…), mais l’ensemble manque d’unité, partagé entre des morceaux rythmés, des hommages à des groupes du passé et des expérimentations aux arrangements parfois troublants.
Ce dernier aspect, qui est essentiellement le fait du prolifique Kavus Torabi (Knifeworld, Chrome Hoof, Cardiacs), tranche radicalement avec l’esprit festif instillé par le maître de cérémonie. L’aventureux guitariste intègre la bande de Dingo Virgin pour la première fois, tout comme l’intégralité des autres musiciens d’un line-up flambant neuf, qui accueille également Orlando Allen (le fils de qui vous savez) dans ses rangs, en poste derrière les fûts. De ce fait, « I See You » ressemble davantage à un album de rock progressif bigarré qu’à une oeuvre du Gong « psyché-délire » à laquelle on pouvait s’attendre, surtout après le flamboyant et définitif « 2032 ». En effet, une plage comme « Occupy » fait bien plus que citer un pan entier de « 21st Century Schizoid Man », quand les guitares se font aussi étonnamment Crimsoniennes dans d’autres titres (« When God Shakes Hands With The Devil », « The Eternal Wheel Spins », etc.).
On sera cependant surpris par les textures électrifiées et glaçantes de Daevid sur le morceau à caractère « dark ambient » clôturant l’album, et qui pour le coup dénotent bien une facette plus sombre de cet artiste hors-pair et toujours plein de surprises. Comme indiqué plus haut, aux côtés de compositions légères (le funky « Syllabub », « I See You » avec son entrée à la « Shaft », ou encore « Pixielation » et ses accents hip-hop), on retrouve des pièces plus angoissantes (le littéralement stressant mais jouissif « Occupy », l’inquiétant « When God Shakes Hands With Devil »). On a du mal néanmoins à comprendre les morceaux-tribute qui émaillent ce CD, tant le groupe nous avait habitué à posséder une identité propre, à nulle autre pareil. « The Eternal Wheel Spins », avec sa rythmique pulsée et hypnotique, convoque en effet l’esprit d’Hawkwind mâtiné d’effets à la mode King Crimson.
Quant au récitatif de « This Revolution », sur fond de soundscapes Holdsworthiens, il est un clin d’œil au poète soul engagé (et grand-père du rap !) Gil Scott-Heron, en particulier à sa pièce la plus marquante, « The Revolution Will Not Be Televised ». Le parallèle avec ce morceau-poème est d’autant plus frappant que Daevid utilise des formules comme « This revolution will not be on TV » ou « Brothers and sisters ». Par ailleurs, « Thank You », de par sa nonchalance et son chant enlevé, n’est autre qu’un hommage appuyé aux Beatles. Nonobstant le défaut d’unité et les nombreuses citations, l’extravagance du grand gourou continue à faire mouche, et les nouveaux musiciens dont il s’est entouré sont vraiment à la hauteur des ambitions de la planète Gong. Dommage par contre que la production d’ »I See You » n’atteigne pas l’excellence de « 2032 », sur lequel le grand Steve Hillage avait réalisé un travail en tout point remarquable.
Au final, il s’agit d’un album très bien exécuté (mention particulière au batteur Orlando Allen et à son groove imparable, ainsi qu’au flûtiste/saxophoniste Ian East, digne héritier de Bloomdido Bad de Grass), mais qui peut déboussoler un peu par son manque de fil conducteur et certains choix artistiques. Quoi qu’il en soit, la formule devrait dépoter sur scène (la vraie place de Gong depuis toujours !) en mixant ce nouveau répertoire à celui d’antan, et avec, on l’espère, le retour du frontman Daevid Allen en grande forme. En effet, le musicien de 76 printemps fait face actuellement à de graves problèmes de santé. Souhaitons donc un prompt rétablissement à celui qui nous a donné tant d’énergie depuis toutes ces années passées en sa compagnie au pays des théières volantes !
Lucas Biela & Philippe Vallin (7/10)
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superbe album du gong , dans la lignée des précédents , beaucoup de feeling , d’humour et d’inventivité , à écouter en boucle
Je n’accrochais pas du tout au départ pourtant. Mais l’album se bonifie au fil des écoutes. Cela dit, le précédent reste (ce n’est que mon avis) quand même bien meilleur. Présence de Steve Hillage ?
Quoiqu’il en soit c’est du Gong ! Pour ma première écoute de l’album , en un trait ( et c’ est pas donné à tous les albums ) je suis content de retrouver l’ esprit , le son , rythmes et délires qui font de Gong un groupe puissant, excellent et toujours au devant de la scène. Je n’´est pas eu la sensation de trouver quelques sons se rapprochant en quoique ce soit à King Crimson ( ėvidemment inconditionnel depuis la même époque que Gong ) mais c’est sùr je vais réécouter. Peut-être j’ai ai raté quelques passages! Par contre Steve Hillage n’ est pas présent mais son ombre plane très très prêt . Et sans doute il veille et apporte toujours sur le côté mystique. Mon seul regret et réel manque , est l’absence de Didier Malherbe . Mais ça ne retire rien au talent des nouveaux venus. En particulier le fils de David Aellen. Que j’ai hâte de voir sur scène. ( dommage pour la série de concerts que j’ai raté , avec + ou – des annulations. Sans doute était- il présent) . En tous cas cet album m’a vraiment donné envie de replonger dans l’ aventure , ou l’univers Gong ( à vous de choisir le plus approprier ) ce qui prouve bien que c’est un album trés réussi !! Merci à tous . Bon rétablissement à David et surtout à bientôt sur scène .
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I’m not worthy to be in the same forum. ROTFL
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Du GONG des grands jours , pour une dernière fois , un beau retour après « 2032 » qui était lui aussi à la hauteur de la trilogie cosmique du groupe, tout ce qui fait le charme du GONG est présent dans ce dernier CD,rock-spacial-loufoque-planant,les glissandos et spacewispers de GILLI SMYTH l’humour de DAEVID , ce GONG très puissant en guitares plaira autant aux plus jeunes qu’aux plus vieux fans du groupe … depuis 1967 ( ! ) ca fait une paie
R.I.P DAEVID